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Le célèbre journaliste russe Arkadi Babtchenko, critique du Kremlin, tué par balle à Kiev

Le journaliste russe Arkadi Babtchenko, critique à l'égard de Moscou, a été tué par balle en Ukraine où il vivait en exil. Cet ancien soldat qui a combattu en Tchétchénie, était devenu célèbre en tant que reporter de guerre.

Note de la rédaction : mercredi 30 mai, le journaliste Arkadi Babtchenko, annoncé assassiné à son domicile la veille au soir, est réapparu vivant lors d’une conférence de presse. Une mise en scène pour déjouer un assassinat commandité par la Russie.

Un journaliste et écrivain russe virulent critique du Kremlin, Arkadi Babtchenko, a été tué par balle mardi 29   mai à Kiev où il s'était exilé. Son meurtre a provoqué un choc dans la profession en Russie et en Ukraine.

La police ukrainienne a aussitôt déclaré privilégier la piste d'un assassinat lié à la profession de cet ancien soldat russe engagé dans les guerres de Tchétchénie, devenu un reporter de guerre chevronné et respecté. "La première piste et la plus évidente est celle de ses activités professionnelles", a déclaré peu après le chef de la police de Kiev Andriï Krychtchenko à l'agence de presse Interfax-Ukraine. Arkadi Babtchenko se disait menacé après avoir dénoncé le rôle de la Russie dans le conflit dans l'est de l'Ukraine.

Deuxième assassinat d’un journaliste anti-Poutine

Il s’agit du deuxième meurtre en moins de deux ans d'un journaliste habitant dans la capitale ukrainienne et contestant la politique du Kremlin. Le 20 juillet 2016, le Russo-Bélarusse Pavel Cheremet avait péri dans l'explosion de la bombe placée sous la voiture qu'il conduisait en plein centre de Kiev, une affaire qui n'est toujours pas élucidée.

Arkadi Babtchenko, 41 ans, a été retrouvé chez lui dans la périphérie de Kiev, selon le porte-parole de la police nationale Iaroslav Trakalo : "Sa femme était dans la salle de bains, elle a entendu un coup sec. Quand elle est sortie, elle a vu son mari ensanglanté", qui est par la suite "mort dans l'ambulance" le transportant.

Le reporter avait participé en Russie aux deux guerres en Tchétchénie en tant que soldat, avant de devenir un journaliste extrêmement critique vis-à-vis du Kremlin. Il avait raconté les guerres dans cette république russe du Caucase dans un livre édité en France par Gallimard sous le nom de "La couleur de la guerre". Avant son départ de Moscou, il a notamment coopéré avec le journal d'opposition russe Novaïa Gazeta et la radio russe Echo de Moscou.

Arkadi Babtchenko s'était rendu dans l'est de l'Ukraine, où le conflit entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses a fait plus de 10   000 morts en quatre ans. Il avait dénoncé le rôle de la Russie, appuyant la thèse de Kiev et des Occidentaux selon laquelle elle soutient militairement les rebelles, ce que Moscou a toujours démenti.

Il avait quitté la Russie en février 2017 en dénonçant une "campagne effroyable" de "harcèlement" à son égard après une publication sur les réseaux sociaux concernant le crash d'un avion militaire russe en route pour la Syrie fin 2016. Le journaliste, qui disait avoir alors reçu des "milliers" de menaces, a d'abord vécu en République tchèque et en Israël, avant de s'installer à Kiev.

Moscou dénonce une "routine"

"Arkadi Babtchenko a été tué de trois balles dans le dos dans la cage d'escalier de son immeuble quand il rentrait du magasin", a écrit sur Facebook un de ses collègues, le journaliste Osman Pachaïev.

Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, le député Anton Guerachtchenko, a mis en cause la Russie, une piste aussitôt évoquée également par certains journalistes ukrainiens. "La régime de Poutine vise ceux qu'il ne peut pas casser ou intimider", a lâché Anton Guerachtchenko sur sa page Facebook.

Même son de cloche chez Aïder Mouzhdabaïev, un autre journaliste russe installé en Ukraine et directeur général adjoint de la chaîne de télévision ATR, pour lequel son ami "a été tué sur l'ordre direct" de Moscou.

Pour sa part, Moscou a "exigé des autorités ukrainiennes d'employer tous les efforts en vue d'une enquête efficace". "Les crimes sanglants et l'impunité totale sont devenus une routine pour le régime de Kiev", a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères sur sa page Facebook.

Le Comité d'enquête russe, un organisme dépendant directement du Kremlin et chargé des principales affaires, a annoncé l'ouverture d'une procédure criminelle.

Avec AFP