
L'industriel, homme politique et patron de presse Serge Dassault est décédé lundi après-midi dans son bureau à Paris "par suite d'une défaillance cardiaque" à l'âge de 93 ans, a annoncé sa famille dans un communiqué.
Le géant de l'industrie aéronautique Serge Dassault est décédé lundi 28 mai, a annoncé sa famille. Le milliardaire âgé de 93 ans a succombé à une "défaillance cardiaque" dans son bureau au siège du groupe Dassault aviation, situé sur le rond-point des Champs-Élysées, à Paris.
Les drapeaux ont été mis en berne aux bureaux parisiens du groupe ainsi que sur le site de Mérignac.
Grand officier de la Légion d'honneur depuis 2004, cet amoureux de la chasse était la quatrième fortune française en 2018, selon un classement Forbes. Il avait quitté en septembre 2017 le Sénat où il siégeait depuis 2004, après avoir été conseiller régional d'Île-de-France de 1986 à 1995, conseiller général de l'Essonne de 1988 à 2004, puis maire de Corbeil-Essonnes de 1995 à 2009, date de l'annulation de sa réélection par le Conseil d'État.
Serge Dassault, passionné de l’aéronautique, était un capitaine d’industrie. Le jeune ingénieur qui présida aux vols d’essai du Mirage I en 1955 a aussi tout fait pour être élu. Toutes mes condoléances à sa famille et à ses collaborateurs, à son fils Olivier, député de l’Oise.
François de Rugy (@FdeRugy) 28 mai 2018"La France perd un homme qui a consacré sa vie à développer un fleuron de l'industrie française", a réagi le président français Emmanuel Macron dans un communiqué. "Son engagement politique se fonda sur un fort enracinement dans l'Essonne et le souci de libérer les énergies entrepreneuriales et la compétitivité des entreprises françaises."
"Nous nous sommes souvent opposés, parfois avec vigueur, j'ai contesté certaines de ses pratiques, mais nous avons aussi trouvé les chemins ensemble pour faire avancer notre territoire", a pour sa part déclaré l'ancien Premier ministre Manuel Valls, lui aussi élu de l'Essonne.
Au-delà des divergences politiques et des critiques légitimes, Serge Dassault aura démontré, en reprenant l’entreprise de son père, qu’il y a une place pour l’industrie en France, et notamment pour une grande industrie militaire indépendante. MLP
Marine Le Pen (@MLP_officiel) 28 mai 2018PDG du groupe Dassault de 1986 à 2000
Polytechnicien, ingénieur aéronautique, Serge Dassault a longtemps vécu dans l'ombre de son père Marcel Bloch-Dassault, ancien déporté, ingénieur et cofondateur du groupe, mentor des premiers pas de Jacques Chirac dans la vie publique et député gaulliste, décédé en 1986. Son fils Serge, né le 4 avril 1925, entra à 26 ans dans le groupe. Il devint PDG de la filiale Dassault Electronique en 1967, puis présida le groupe Dassault Aviation de 1986 à 2000, vantant à travers le monde les Mirage et les Rafale du groupe, avant de céder les rênes tout en conservant celles de la holding familiale Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD).
Serge Dassault fut également un grand acteur de la presse avec le rachat du groupe Valmonde (Valeurs actuelles), puis la Socpresse du groupe Hersant en 2004, avant d'en revendre la plus grande partie pour ne s'intéresser qu'au Figaro.
Son nom a été associé à des scandales liés à des affaires d'achat de votes, de blanchiment et de comptes dissimulés.
Le milliardaire avait été condamné à cinq ans d'inéligibilité et 2 millions d'euros d'amende en février 2017 pour avoir caché au fisc français, pendant quinze ans, des comptes à l'étranger. Il devait être rejugé à partir du 6 juin.
"L'ampleur de la fraude, sa durée et les fonctions politiques exercées durant une partie de la période, justifierait le prononcé d'une peine d'emprisonnement ferme", avait considéré le tribunal, tout en estimant qu'une peine de prison ne serait "pas raisonnable" du fait de son "grand âge".
En 2014, il est mis en examen dans une enquête sur des soupçons d'achat de votes à Corbeil-Essonnes en faveur de Jean-Pierre Bechter en 2009 et 2010. En 2016, l'un de ses proches, Younès Bounouara, écope de 15 ans de réclusion criminelle pour une tentative d'assassinat, liée à ces soupçons de corruption électorale.
Serge Dassault était père de quatre enfants, qui siègent au conseil de surveillance de la holding familiale. L'un d'entre eux, Olivier Dassault, est député (Les Républicains) de l'Oise.
En 2014, les modalités de sa succession avaient été publiées : son homme de confiance et directeur général du GIMD, Charles Edelstenne, lui succédera "automatiquement".
Avec AFP