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L'enquête progresse sur le meurtre d’une conseillère municipale de Rio

L'enquête sur l'assassinat de l'élue brésilienne Marielle Franco était sur le point d'aboutir, jeudi. Près de deux mois après ce crime, les soupçons se portent sur un autre conseiller municipal et un membre d'une milice paramilitaire.

Son assassinat avait choqué tout le Brésil. Le 14 mars dernier, Marielle Franco, conseillère municipale, féministe militante de la cause noire et LGBT, était retrouvée criblée de balles. Deux mois après, l’enquête sur sa violente disparition s’est accélérée.

"L'enquête touche à sa fin. Je crois que nous aurons bientôt des résultats", a déclaré, jeudi 10 mai, le ministre de la Sécurité publique Raul Jungmann, au site web d'information Uol, quelques heures avant une reconstitution de l'assassinat, prévue dans la soirée.

Soirée "Paris n'oublie pas Marielle Franco" pour que la justice soit rendue suite à son assassinat. Bcp de jeunes https://t.co/CBwCEkSKlF de Paris et du Brésil pour poursuivre son travail en faveur des femmes, des LGBT, les favelis et contre les violences qui sévissent au Brésil! pic.twitter.com/SUOLf6krGz

  Hélène Bidard (@Helenebidard) 3 mai 2018

"Cette femme me dérange"

La veille, le journal O Globo a écrit qu'un témoin, qui a accepté de se confier à la police en échange d'une protection, avait accusé un autre conseiller municipal et un membre d'une milice paramilitaire d'avoir commandité l'assassinat. D'après O Globo, ce témoin a expliqué aux enquêteurs que le conseiller municipal de centre droit Marcello Siciliano et l'ex-policier Orlando Oliveira de Araujo, membre d'une milice et actuellement incarcéré, voulaient tuer l'élue parce qu'elle nuisait à leurs intérêts.

Le témoin cité par O Globo évoque notamment une conversation compromettante entre ces deux hommes, qu'il aurait surprise en juin 2017, dans un restaurant. "Il faudrait voir la situation de Marielle. Cette femme me dérange. (...) Il faut régler ça", aurait affirmé le conseiller municipal. Selon ce témoin, les nombreux projets sociaux menés par Marielle Franco dans certains quartiers pauvres de l'ouest de Rio menaçaient l'influence des milices, auxquelles Marcello Siciliano aurait été associé.

Les révélations du journal O Globo

Bom dia! Entre os destaques da edição impressa do #JornalOGlobo: segundo testemunha, dois policiais militares (um da ativa e outro da reserva) participaram da morte da vereadora Marielle Franco e do motorista Anderson Gomes. Leia mais em https://t.co/6QeHHAyTfp pic.twitter.com/LAgSTuFpGM

  Jornal O Globo (@JornalOGlobo) 10 mai 2018

Le règle des milices

Des accusations niées en bloc par l'intéressé. "Je suis en train d'être massacré sur les réseaux sociaux à cause de choses dites par une personne dont la crédibilité n'est pas établie. Je n'avais aucun conflit politique" avec Marielle Franco, a-t-il assuré.

Ces milices ont fait leur apparition à Rio il y a une vingtaine d'années, avec des groupes armés censés soustraire la population des favelas au joug des trafiquants de drogue. Mais ces organisations paramilitaires ont fini par faire régner à leur tour la terreur dans ces quartiers populaires, telle une mafia réclamant de lourds tributs en échange d'une "protection".

Marielle Franco avait participé en 2008 à une commission parlementaire qui avait osé s'attaquer au pouvoir des milices. Elle se trouvait dans une voiture et revenait d’un rassemblement pour la promotion des femmes noires, lorsqu’elle a été abattu le soir du 14   mars. C’était un de ses grands combats, avec la dénonciation des violences policières et militaires.

Avec AFP