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Nucléaire iranien : "rien de neuf" dans les "preuves" d'Israël, selon les experts

De nombreux experts et diplomates ne voient dans "les preuves" avancées lundi par Israël de l'existence d'un programme nucléaire iranien secret qu'une opération visant à donner des arguments à Donald Trump pour dénoncer l'accord de 2015.

À grands renforts de vidéos, de photos, de graphiques et autres "archives secrètes", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé, lundi 30 avril, qu'Israël disposait de nouvelles "preuves concluantes" d'un programme secret iranien pour se doter de l'arme nucléaire. Mais pour de nombreux diplomates et spécialistes du renseignement, la présentation de Benjamin Netanyahou n'apporte aucune preuve tangible d'une telle violation.

Nucléaire iranien : "rien de neuf" dans les "preuves" d'Israël, selon les experts

Armelle Charrier, chroniqueuse en politique internationale à France 24, relève ainsi que la plupart des experts ne voient "rien de nouveau" dans "les révélations" du Premier ministre israélien : "les experts ont toujours su que l’Iran, malgré ses affirmations, cherchait à se doter de l’arme nucléaire avant 2015. Ce qui aurait était nouveau, c'est d'apprendre que l'Iran a menti depuis que le pays a signé l'accord en 2015. Dans ce contexte, l'état d'esprit des experts est de donner une chance aux Iraniens'".

"Rien de neuf, du théâtre"

Pour Jeffrey Lewis, directeur du programme de Non-Prolifération en Asie orientale du Middlebury Institute of International Studies, "Netanyahou nous dit quelque chose que nous savions déjà, que l'Iran avait un programme d'armes nucléaires". Interrogé par Reuters, un diplomate européen de haut rang confirme : "Nous savions tout ceci et ce qui ressort particulièrement, c'est que Netanyahou ne parle d'aucune violation documentée de l'accord de 2015." Un autre diplomate, en poste à Vienne, qui a travaillé pendant des années avec l'AIEA, lâche : "Rien de neuf, du théâtre."

Pour la journaliste de France 24, le calendrier adopté par Benjamin Netanyahou pour ces "révélations" est, en tout cas, clairement "choisi" alors qu'"une lutte d'influences est engagée pour souffler à l'oreille de Donald Trump". La date butoir du 12 mai a, en effet, été fixée par le président américain pour décider ou non de dénoncer l'accord conclu en 2015. Celui-ci implique un assouplissement des sanctions américaines contre la République  islamique.

Nucléaire iranien : "rien de neuf" dans les "preuves" d'Israël, selon les experts

L'intervention de  Benjamin Netanyahou retransmise à la télévision à une heure de grande écoute pourrait ainsi renforcer, selon les experts, l'argumentaire des conseillers de Donald Trump plaidant pour une dénonciation de l'accord de Vienne.

Après les déclarations de Benjamin Netanyahou, Donald Trump a, d'ailleurs, réaffirmé tout le mal qu'il pensait de l'accord de 2015, laissant entendre qu'il était d'accord avec les propos du Premier ministre israélien.  Donald Trump pourrait d'ailleurs se rendre le 14 mai en Israël, date du déplacement l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem... et jour du 70e anniversaire de la création de l'État hébreu .

Avec AFP et Reuters