Plus de trente civils touaregs ont été tués vendredi par des jihadistes présumés dans le nord-est du Mali, à la frontière avec le Niger. La veille, une attaque similaire avait provoqué la mort de douze personnes.
Deux attaques ont endeuillé la communauté touareg dans le nord-est du Mali ces derniers jours. Plus de trente personnes ont été tués vendredi 17 avril dans une attaque perpétrée par des jihadistes, a appris l'AFP de sources concordantes. Des faits similaires avaient fait jeudi douze morts dans la même région.
"Il y a eu 43 morts en deux jours, tous des civils, d'une même communauté", a déclaré samedi à l'AFP un responsable tribal joint à Menaka, principale ville de la région, qui s'est identifié par son prénom, Sidigui.
"Nos combattants sont en train de détruire leurs bases et les anéantir. Ils viennent s'en prendre gratuitement aux civils innocents", a-t-il dit, voyant dans ces tueries des représailles aux coups portés aux jihadistes dans la zone par les groupes armés touareg.
Le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA, issu de l'ex-rébellion à dominante touareg) a affirmé avoir "appris avec consternation l'assassinat de 43 personnes de la communauté Idaksahak lors de deux raids menés par des hordes de malfrats armés sur les campements d'Aklaz le 26 avril et Awakassa le 27 avril", dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi.
Il "lance un appel pressant aux gouvernements du Mali, du Niger afin qu'une initiative sérieuse soit engagée, en vue de mettre immédiatement fin aux crimes abominables qui sont commis", mais assure qu'il "ne cédera à aucune intimidation".
Le gouverneur prudent sur le bilan
Le gouverneur de Menaka, Daouda Maïga, s'est voulu prudent sur le bilan, indiquant attendre le résultat de l'envoi d'une mission sur les lieux.
"Il y a plusieurs versions, mais je sais que des femmes et des enfants sont parmi les victimes, des vieilles personnes aussi, mais le chiffre exact je ne saurais le dire sans le retour de mes missionnaires", a-t-il précisé à l'AFP.
Les affrontements sont fréquents dans cette zone entre des jihadistes ayant prêté allégeance au groupe État islamique (EI) et deux groupes armés principalement touareg, le Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako), et le MSA, parfois associés à la force française Barkhane et à l'armée malienne.
La population de la région s'attendait à des représailles des jihadistes à la suite des lourdes pertes qu'ils ont subies ces dernières semaines, a indiqué à l'AFP un notable de Menaka, Attaye Ag Ossadki. "Mais personne ne pouvait imaginer qu'ils allaient tuer de cette manière des civils aux mains nues", a-t-il ajouté.
Avec AFP