
Les manifestations se sont poursuivies lundi au Nicaragua pour dénoncer la violente répression des protestations, qui a fait 27 morts. Le projet de réforme des retraites incriminé a été retiré par le président Ortega.
Au départ, c'était un projet de réforme des retraites contesté dans la rue. Puis, 27 personnes sont mortes lors de manifestations durement réprimées. Depuis, la colère gronde au Nicaragua.
Des dizaines de milliers de Nicaraguayens ont de nouveau manifesté, lundi 23 avril, brandissant des milliers de drapeaux blancs et bleus, les couleurs du pays. Salariés, étudiants, paysans et entrepreneurs ont participé à une "Marche pour la paix et le dialogue" dans les rues de la capitale, Managua, et dans d'autres villes du pays, comme Esteli et Matagalpa, dans le nord.
L'appel à manifester de l'organisation patronale COSEP - pourtant alliée du président Daniel Ortega - avait été maintenu, bien que le chef de l'État eût annoncé dimanche 22 avril qu'il retirait sa réforme des retraites. Celle-ci prévoyait d'augmenter les contributions sociales des salariés et des employeurs afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale, et d'autre part de réduire de 5 % le montant des pensions, sur recommandation du Fonds monétaire international (FMI).
Mécontentement général
Signe du mécontentement général, l’Église a jugé bon d'intervenir. L'archevêque de Managua Leopoldo Brenes a demandé la libération des manifestants arrêtés ces derniers jours, et devrait l’obtenir "afin d'établir les bases du dialogue", selon la vice-présidente et épouse du président, Rosario Murillo.
"Il faut arrêter la répression, libérer les jeunes incarcérés, rétablir la transmission du Canal 100 % Noticias (actuellement censuré, ndlr) et discuter de la démocratisation du pays avec tous les secteurs", a ajouté sur Twitter l’évêque adjoint de la capitale, Silvio Baez.
La population de ce pays d'Amérique centrale est excédée par la détérioration de ses conditions de vie et par un gouvernement accusé de corruption. Pour Clifford Ramirez, étudiant en sciences politiques parmi les premiers à manifester, il n'y a plus de retour en arrière possible : "Nous ne pouvons plus accepter ce gouvernement, nous manifestons pour que le couple Ortega-Murillo quitte le pouvoir".
Rétablir le "dialogue"
Daniel Ortega, le "Comandante" âgé de 72 ans - l'un des chefs de la guérilla ayant mené la révolution sandiniste en 1979 - en est déjà à son quatrième mandat, au côté de sa femme, poétesse excentrique de 66 ans. Il a dénoncé la violence des manifestants, les comparant à des gangs criminels.
Mais les États-Unis, l'Union européenne et le pape François, rejoints par la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), ont surtout critiqué la force excessive utilisée par la police.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi 23 avril les autorités de Managua "à assurer la protection des droits de l'Homme pour tous les citoyens, notamment ceux de pouvoir se rassembler pacifiquement et de la liberté d'expression", assurant de son "soutien aux appels au dialogue".
Avec AFP