Le directeur de la prison de Kahrizak a été emprisonné après la mort d'au moins trois détenus ayant manifesté contre les résultats de la présidentielle. Par ailleurs, le candidat réformateur Mehdi Karoubi dénonce des viols de détenus.
REUTERS - Le directeur du centre de détention de Kahrizak, dans le sud de l'Iran, a été limogé et emprisonné après la mort d'au moins trois détenus depuis les manifestations qui ont suivi l'élection présidentielle controversée de juin.
"Trois policiers qui ont battu des détenus ont aussi été emprisonnés", rapporte l'agence Irna en citant le chef de la police iranienne, Esmail Ahmadi-Moghaddam.
Kahrizak a été construit pour y emprisonner les personnes jugées coupables d'avoir transgressé les lois iraniennes contre le vice. Un communiqué de la police a confirmé jeudi que de graves exactions y avaient eu lieu.
Ahmadi-Moghaddam a aussi confirmé que certaines personnes arrêtées après l'élection présidentielle avaient été torturées à la prison de Kahrizak dont le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a ordonné la fermeture en juillet pour "absence des normes nécessaires" au respect des droits des détenus.
Des manifestations ont éclaté à Téhéran et dans d'autres villes après l'élection présidentielle du 12 juin qui, selon les manifestants, a été marquée par des fraudes destinées à assurer la réélection du président sortant Mahmoud Ahmadinejad.
Les médias publics ont fait état d'au moins 26 morts et de centaines de personnes arrêtées lors de violences post-électorales.
Inspection de toutes les prisons
Des sites internet modérés ont fait état de la mort d'au moins trois manifestants à Kahrizak, et notamment du fils d'un conseiller de Mohsen Rezaie, un candidat conservateur.
Après la mort de Mohsen Ruholamini à Kahrizak, l'ayatollah Mahmoud Hashemi-Shahroudi, qui dirige le système judiciaire iranien, a ordonné à ses représentants d'aller inspecter tous "les centres de détention et les prisons".
Kahrizak à donné lieu à une controverse plus grande encore lorsque deux autres détenus de ce centre sont par la suite morts à l'hôpital.
Selon les autorités, les personnes arrêtées lors des manifestations post-électorales ont été transférées à la prison Evin de Téhéran où sont détenus de nombreux prisonniers politiques.
Aux dires des autorités, quelque 200 personnes arrêtées lors des manifestations restent en détention, parmi lesquelles des hommes politiques réformistes, des journalistes, des militants et des avocats.
Le procureur Qorbanali Dorri-Najafabadi a déclaré que toutes les mesures légales nécessaires seraient prises contre ceux "qui ont violé la loi" à Kahrizak, rapporte le journal Etemad-e Melli.
Des personnalités modérées, parmi lesquelles Mirhossein Moussavi, candidat malheureux à la présidentielle, et l'ancien président Mohammad Khatami ont réclamé la libération immédiate des détenus en disant que leurs aveux leur ont été extorqués.