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Alors que l'enquête de l'OIAC devait commencer mercredi à Douma, les inspecteurs n'ont toujours pas pu entrer dans la ville. Néanmoins, les casques blancs ont pu leur indiquer où étaient les tombes des victimes présumées de l'attaque chimique.

Les inspecteurs de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) n'ont toujours pas pu entrer à Douma, mais ils commencent déjà à recueillir les premiers éléments de l'enquête. Les casques blancs de la défense civile syrienne leur ont indiqué, mercredi 18 avril, où étaient enterrées les victimes de l'attaque chimique présumée du 7 avril à Douma, imputée à Damas. "Nous avons fourni aux membres de la mission d'observation de l'OIAC toutes les informations que nous avions sur l'attaque chimique, dont la localisation exacte des tombes des victimes", a indiqué à Reuters Raed Saleh, le dirigeant de l'organisation de secouristes.

Les inspecteurs sont arrivés à Damas le week-end dernier mais ils n'ont, pour l'instant, toujours pas pu se rendre à Douma, ni sur le site présumé de l'attaque. Mercredi 18 avril, alors qu'ils étaient censés commencer leur enquête, ils ont dû reporter leur visite pour des raisons de sécurité. "Une agence des Nations unies chargée d’assurer la sécurité des inspecteurs a voulu se rendre sur place pour une mission de reconnaissance. À leur arrivée, un attroupement s'est créé et il y a eu plusieurs tirs. Cette équipe a dû se retirer et retourner à Damas", précise Stéphanie Maupas, envoyée spéciale de France 24 au siège de l'OIAC, à La Haye, au Pays-Bas.

"Le directeur de l’OIAC a fait une déclaration pour dire qu’il ne savait pas quand les enquêteurs pourraient se déplacer à Douma. Il a insisté sur le fait que les conditions de sécurité devaient être les plus importantes possibles pour que cette mission soit déployée", poursuit la journaliste.

Attaque chimique de Douma : les casques blancs indiquent à l'OIAC où sont enterrés les corps

"Des preuves et des éléments essentiels disparaissent"

Ce délai fait craindre aux Occidentaux que le site n'ait été "nettoyé", onze jours après l’attaque chimique présumée, la zone étant passée sous le contrôle du régime syrien et de la police militaire russe . Le ministère français des Affaires étrangères juge d'ailleurs "très probable que des preuves et des éléments essentiels disparaissent".

Spécialiste des armes chimiques, Jean-Pascal Zanders estime néanmoins que les inspecteurs auront toujours les moyens d'enquêter, car, rappelle-t-il, les rapports finaux de l'OIAC sont le fruit d'un "complexe d'informations" à recouper et non d'une source unique. "La prise des échantillons n'est qu'une facette de l'enquête", explique le spécialiste à France 24. Ainsi, si les résidus de chlore disparaissent des sols ou des bâtiments, les enquêteurs pourront tout de même établir un diagnostic en interrogeant les victimes présumées.

"Ces interviews sont très détaillées et en les recoupant, cela permet de vérifier [l'utilisation ou non d'armes chimiques]. Les enquêteurs vont aussi examiner les victimes de l'attaque. Les personnes exposées au chlore ont des dommages dans les poumons. Ce sont des symptômes que les médecins peuvent vérifier", poursuit Jean-Pascal Zanders.  Des autopsies permettraient également d'avoir des réponses, ajoute-t-il.

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Plusieurs semaines avant le rapport final

De leur côté, les Russes ont répété aux Nations unies qu’il était inutile de créer une commission d'enquête onusienne pour établir les responsabilités de chacun dans l'attaque chimique de Douma, estimant que "Washington et ses alliés [avaient] déjà décidé qui étaient les coupables".

En attendant d'accéder au site, les experts ont tenu des réunions avec les responsables du gouvernement syrien. Après le début de la mission, un premier "rapport de situation" doit être soumis. Le rapport final n'est pas attendu avant plusieurs semaines mais la porte-parole du département d'État américain, Heather Nauert, a d'ores et déjà déclaré que les États-Unis disposaient de renseignements selon lesquels du chlore et du gaz sarin avaient été utilisés dans l'attaque chimique.

Avec AFP