Deux camions piégés ont explosé près de Mossoul (nord), provoquant la mort de plus de 50 civils et blessant 269 autres. Dans un secteur chiite de Bagdad, 7 ouvriers ont trouvé la mort et 81 personnes ont été blessées dans deux attentats.
AFP - Plus de 50 personnes ont été tuées et 269 blessées dans une vague d'attentats lundi en Irak, où le Premier ministre Nouri al-Maliki a néanmoins renouvelé sa confiance dans les capacités des forces irakiennes d'assurer la sécurité.
Deux camions piégés, garés à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, ont ravagé à une minute d'intervalle au petit matin le village de Khaznah, à 20 km à l'est de Mossoul (370 km au nord de Bagdad), faisant 28 morts et 155 blessés, selon un responsable du ministère de la Santé.
"Comme il n'y a pas d'électricité et à cause de la chaleur, je dormais sur le toit. Je me suis réveillé en sursaut car j'ai cru à un tremblement de terre", a raconté Mohammad Kazem, 37 ans. "Une minute plus tard, une seconde explosion m'a projeté jusqu'au sol".
Falah Reza, un infirmier de 23 ans, est le seul survivant d'une famille de 12. "Onze de mes proches ont été tués quand notre maison s'est effondrée".
Trente-cinq maisons ont été détruites dans cette localité prospère où vivent 3.500 Chabaks, en majorité des commerçants et des agriculteurs. Cette secte kurdophone d'environ 30.000 personnes est dispersée dans 35 villages de la province de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu.
Persécutés sous l'ex-président Saddam Hussein car ils étaient kurdes, ils ont été, après l'invasion conduite par les Etats-unis en 2003, la cible d'Al-Qaïda.
"J'essayais de dormir quand la première explosion a tout ravagé dans ma maison. Puis il y a eu la seconde. J'ai cru que c'était la fin du monde", a raconté Assaad Salem, un résident.
Quelques heures plus tard, des hommes armés ont tué par balles deux policiers dans deux attaques à Mossoul, selon une source policière.
La capitale Bagdad a été frappée par quatre attentats, dont deux visant des journaliers en quête de travail.
Une bombe cachée dans un sac de ciment à Hay al-Amel (ouest) a tué sept personnes et blessé 46, selon des sources de sécurité. A Chourta Rabaa (sud), une voiture piégée a explosé le matin faisant 9 morts et 36 blessés parmi des journaliers et une autre le soir coûtant la vie à deux passants et blessant 18 près d'un restaurant. Une bombe placée sur un marché de Sayadiya, un quartier à majorité sunnite (sud-est) a tué trois personnes et blessé 14.
"La traque continuera et si Dieu le veut, nous allons éliminer tous ces corrompus qui tuent les Irakiens de sang froid", a déclaré M. Maliki devant une conférence d'officiers à Bagdad.
"Je vous félicite pour vos efforts, votre détermination et votre volonté d'user de tous les moyens à votre disposition, en particulier le renseignement, pour traquer les terroristes", leur a-t-il dit.
Les forces irakiennes assurent seules la sécurité dans les villes depuis le retrait des forces américaines fin juin aux termes d'un accord avec Bagdad.
Le "Conseil politique de la résistance irakienne", formé de six groupes d'insurgés non liés à al-Qaïda, a, dans un rare communiqué de condamnation, dénoncé "les attentats aveugles peu importe qui les a commis" et "tenu pour responsables de ce qui est arrivé l'occupation et le gouvernement".
Vendredi, plus de 45 personnes ont été tuées et 300 blessées dans des attentats, la plupart contre la communauté chiite.
La violence qui a pris son essor en Irak en 2004 a revêtu un caractère confessionnel entre sunnites et chiites après l'attentat en 2006 qui a détruit partiellement un mausolée révéré par les chiites dans la ville sunnite de Samarra, au nord de Bagdad. La situation a empiré jusqu'à fin de 2007.
La violence a diminué après les importants revers subis par Al-Qaïda et l'Armée du Mehdi du chef radical chiite Moqtada Sadr.