Washington et Moscou sont toujours engagés dans un face-à-face tendu sur le dossier syrien, Donald Trump avertissant du tir imminent de missiles en Syrie. Le régime syrien a, lui, évacué des aéroports et des bases militaires, selon une ONG.
Le face-à-face entre les États-Unis et la Russie sur le dossier syrien est de plus en plus tendu. Au lendemain d’un triple vote à l’ONU n’ayant abouti sur aucun consensus, Donald Trump a averti, mercredi 11 avril, du tir imminent de missiles contre le régime de Bachar al-Assad, en représailles à une attaque chimique présumée près de Damas.
"La Russie jure d'abattre n'importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et 'intelligents' ! Vous ne devriez pas vous associer à un Animal qui Tue avec du Gaz, qui tue son peuple et aime cela", a tweeté le président des États-Unis au lendemain d'un veto russe à l'ONU à un projet de résolution américain.
Les chefs du Pentagone, Jim Mattis, et de la CIA, Mike Pompeo, se sont rendus à la Maison Blanche mercredi. En appui au président, le Pentagone s'est dit "prêt" à présenter des options militaires pour frapper la Syrie.
Toutefois, après les tweets présidentiels va-t-en-guerre du matin, la Maison Blanche s'est montrée plus prudente dans l'après-midi. "Le président tient la Syrie et la Russie pour responsables de cette attaque aux armes chimiques", mais "toutes les options sont sur la table, la décision finale n'a pas été prise", a déclaré sa porte-parole, Sarah Sanders.
Donald Trump a par ailleurs déploré que les relations entre les États-Unis et la Russie soient "pires aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais été, y compris pendant la Guerre froide". Un constat d'échec pour le président américain qui avait fait de la relance des relations avec la Russie un des grands objectifs de sa politique étrangère.
"En cas de frappe américaine, les missiles seront détruits"
Jugeant la situation "très tendue", le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a de son côté dit espérer "que toutes les parties vont éviter tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié".
"Les missiles guidés devraient filer vers les terroristes, pas vers le gouvernement légal qui combat depuis plusieurs années sur son sol le terrorisme international", a également écrit sur Facebook Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Plus menaçant, l'ambassadeur russe au Liban Aleksander Zasypkin a averti, sur la chaîne Al-Manar, basée au Liban et gérée par le Hezbollah chiite libanais : "En cas de frappe américaine [...] les missiles seront détruits, de même que les équipements d'où ils ont été lancés".
La perspective d'une action militaire des Américains s'inscrit dans un contexte extrêmement difficile entre l'Occident et la Russie, après l'affaire de l'ex-espion Sergueï Skripal empoisonné par un agent innervant en Angleterre le 4 mars.
Theresa May convoque une réunion d'urgence
Les Américains apparaissent d’ailleurs soutenus par la France et probablement le Royaume-Uni face à la Russie. La Première ministre britannique Theresa May, qui a dénoncé l'"attaque barbare" de Douma, a convoqué pour jeudi une réunion d'urgence de son gouvernement, afin de "discuter de la réponse à apporter aux événements en Syrie", a annoncé une porte-parole mercredi soir.
La France annoncera quant à elle "dans les prochains jours" une "décision" en accord avec les alliés américain et britannique, a dit le président français Emmanuel Macron, assurant que les bombardements viseraient "les capacités chimiques" du régime de Damas.
Dans ce contexte, la Turquie, autre acteur-clé dans le conflit syrien, a, elle, employé un discours différent, exhortant Moscou et Washington à cesser ce qu’elle estime être une "bagarre de rue". "L'un dit : 'J'ai de meilleurs missiles', l'autre dit : 'Non, c'est moi qui ai de meilleurs missiles. Allez, chiche, envoie-les !' [...] C'est une bagarre de rue, ils se bagarrent comme des caïds", a déploré le Premier ministre Binali Yildirim lors d'un discours à Istanbul.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lui aussi appelé à de la retenue. Alors que la diplomatie onusienne a échoué, mardi, à trouver un consensus sur ce dossier, il a exhorté les cinq membres permanents de l’ONU à éviter une situation hors de contrôle.
Face au risque d'attaques, l'armée syrienne a en tout cas évacué des aéroports, des bases militaires ainsi que les bâtiments du ministère de la Défense et de l'état-major à Damas, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui centralise des informations sur le pays.
Avec AFP