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Les barrages qui paralysaient l’île de Mayotte, en proie à une vaste contestation sociale depuis près de deux mois, sont levés depuis lundi. Le département le plus pauvre de France attend aujourd'hui des mesures concrètes, présentées fin avril.

Depuis lundi 9 avril, la vie reprend à Mayotte, paralysée pendant près de deux mois par un vaste mouvement social porté par une intersyndicale et un collectif de citoyens, qui dénonçaient l’insécurité et l’immigration clandestine massive en provenance des Comores. Les grévistes réclamaient également des moyens substantiels pour l’amélioration des conditions de vie dans ce département, français depuis 2011, le plus pauvre du pays.

Si l a dizaine de barrages érigés sur les axes stratégiques du territoire ont tous été levés, les attentes demeurent. Le nouveau préfet, nommé le 28   mars, Dominique Sorain, et la délégation interministérielle mise en place pour renforcer les services de l'État sur place se sont engagés à définir avec les acteurs locaux "le plan pour l'avenir de Mayotte" qui sera présenté fin avril à l'exécutif. "La population attend maintenant de voir ce qui sera mis en place concrètement", assure le journaliste Cyril Castelliti , basé sur l'île, joint par France   24.

Pour maintenir la pression sur le gouvernement, malgré la levée des barrages, l’intersyndicale a décidé d'appeler à la poursuite de la grève générale. "Concrètement, ce mot d’ordre n’est pas suivi. Les commerces sont par exemple majoritairement ouverts", constate Cyril Castelliti. "Les habitants ont le souci de reprendre une vie normale, de percevoir à nouveau leur salaire", assure-t-il. "Ils sont fatigués à l’issue de cette grève inédite qui a été très dure."

L’immigration clandestine, un point très sensible

À Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, la propriétaire d’un salon d’esthétique contactée par France   24 estime avoir perdu la moitié de son chiffre d’affaires en raison de ce mouvement de contestation. "On s’est organisé pour que le salon reste ouvert. On parvenait à traverser les barrages, on fermait plus tôt le soir", explique-elle, pas mécontente de la levée des barricades. "Cela ne servait à rien de continuer", commente la commerçante, qui affirme que "des gens ont perdu leurs emplois" et "des commerces ont dû fermer" en raison des blocages. "On espère maintenant que la situation s’améliore, surtout contre l’insécurité", affirme-t-elle.

Dimanche, des dissensions se sont fait jour au sein du mouvement social. L'un des principaux acteurs du mouvement, le syndicat de l’enseignement Snuipp-Mayotte, a été exclu de l'intersyndicale et du collectif, estimant "payer" sa position de maintien des barrages, alors qu'une majorité de syndicats avait appelé à les lever. Pour le Snuipp-Mayotte, "la confiance avec le gouvernement n'est pas encore retrouvée". Joint par France 24, son secrétaire général, Rivo Rakotondravelo, estime que désormais "la messe est dite". D’après lui, "il aurait fallu maintenir la pression sur le gouvernement" puisque "sans action, aucune des revendications ne va aboutir."

Revendication majeure du mouvement, la régulation de l’immigration clandestine en provenance des Comores, situées à seulement 70 km des côtes de Mayotte, reste l'un des points les plus sensibles. Les habitants de Mayotte estiment qu’elle est à l’origine des tensions et de l’insécurité sur l’île. Il s’agit du département français où la part d’étrangers dans la population est la plus importante  : seuls 45,1   % des Mahorais sont nés à Mayotte. Le secrétaire d’État français aux Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, est actuellement en visite dans l'archipel des Comores, afin de "dépasser les tensions actuelles". Depuis trois semaines, l'Union des Comores refoule aux frontières ses propres ressortissants expulsés de Mayotte. En réponse, l a France a décidé de suspendre la délivrance de visas diplomatiques et de service aux représentants comoriens.

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