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Le groupe rebelle Jaïch al-Islam et une ONG ont affirmé samedi que le régime syrien a utilisé des armes chimiques lors de raids à Douma, dans la Ghouta orientale. Les médias officiels et la Russie ont démenti l'information.
Les rebelles syriens du groupe Jaïch al-Islam ont accusé les forces gouvernementales d'avoir eu recours, samedi 7 avril, à des armes chimiques contre un hôpital de Douma, dans la Ghouta orientale, où selon une ONG médicale, au moins 49 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres intoxiquées.
La presse officielle syrienne a de son côté démenti une telle attaque et accusé les insurgés de diffuser des fausses informations pour tenter de ralentir la progression des forces gouvernementales.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), onze personnes sont mortes étouffées par la fumée émise par des bombardements conventionnels. Soixante-dix autres personnes, présentaient des signes d'intoxication après des raids de l'aviation syrienne, a ajouté l'organisation basée à Londres. Le directeur de l'OSDH, Rami Abdelrahman, a dit ne pas être en mesure de confirmer que des armes chimiques avaient été utilisées à Douma.
"Le conflit dans la Ghouta orientale est très difficile à décrypter. En tant que journalistes, nous n'avons pas accès au terrain, donc nous sommes obligés de couvrir les évènements depuis le pays voisin, le Liban, avec des sources sur place. Ce manque d'informations de première mains donne lieu à une bataille de l'information entre les différents acteurs du conflit. (...) Nous ne sommes pas en mesure de vérifier l'information de manière indépendante", explique Chloé Domat, correspondante de France 24 au Liban.
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Bilans divergents
La Syrian american medical society (Sams), une organisation médicale, a affirmé de son côté qu'une bombe au chlore avait frappé un hôpital de Douma, tuant six personnes, et qu'une bombe contenant un agent chimique neurotoxique était tombée sur un bâtiment voisin. D'après la Sams et la protection civile, au moins 49 personnes sont mortes dans l'attaque, alors que les rebelles de Jaïch al-Islam évoquent de leur côté d'une centaine de morts.
Un médecin syrien, basé à Genève, de l'Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) a fait état d'un bilan similaire, affirmant que 150 personnes étaient mortes. "La plupart (des victimes) sont des civils, des femmes et des enfants coincés dans des abris souterrains", a dit à Reuters Tawfik Chamaa, ajoutant que le bilan était susceptible de s'alourdir.
Le président américain, Donald Trump, a dénoncé une "attaque chimique insensée" et prévenu "l'animal Assad" qu'il faudra en "payer le prix fort". Auparavant, le département d'État américain avait estimé que si l'usage d'armes chimiques était confirmé, la communauté internationale se devrait de réagir "immédiatement", et a demandé à la Russie de retirer son soutien inconditionnel au président syrien Bachar al-Assad.
La Russie dément les accusations
Pour les médias d'État syriens en revanche, les rebelles cherchent avec ces accusations à retarder la chute inéluctable de Douma. "Les terroristes du Jaïch al-Islam sont en déroute et leurs organes de communication parlent à nouveau d'attaques à l'arme chimique fabriquées de toutes pièces pour tenter en vain d'enrayer la progression de l'armée syrienne", écrit l'agence de presse officielle Sana.
La Russie, fidèle alliée de Damas, a démenti les accusations sur l'utilisation d'armes chimiques dans l'offensive lancée par le régime syrien à Douma. "Nous démentons fermement cette information", a déclaré le chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, le général Iouri Ievtouchenko, cité par l'agence Interfax.
"Nous annonçons que nous sommes disposés à envoyer des spécialistes russes des radiations, après la libération de Douma des rebelles. Cela confirmera la nature artificielle de ces déclarations", a-t-il ajouté.
L’Iran a également défendu son allié syrien, affirmant dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères que ces accusations étaient "le signe d'un nouveau complot contre le gouvernement et le peuple syriens, et un prétexte pour une action militaire, qui va certainement compliquer davantage la situation dans ce pays et la région".
Par ailleurs, selon la télévision d'État, le régime syrien va entamer dimanche des discussions avec les rebelles de Jaïch al-Islam, qui n'ont pas confirmé l'information.
Avec Reuters