Ce ne sont pas 50, mais 87 millions d'utilisateurs de Facebook dont les données ont été siphonnées par Cambridge Analytica. Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, s'expliquera le 11 avril devant des parlementaires américains.
Le scandale autour de la diffusion de données personnelles d'usagers de Facebook prend une nouvelle ampleur. "Au total, nous estimons que les informations Facebook d'au moins 87 millions d'utilisateurs – la plupart aux États-Unis – ont pu être partagées de façon indue avec Cambridge Analytica", a écrit le groupe, mercredi 5 avril. Jusqu'à présent, le nombre d'utilisateurs affectés évoqué par la presse était de 50 millions.
C'est sur ce scandale, ainsi que sur sa réponse, jugée tardive, aux manipulations politiques attribuées à la Russie que Mark Zuckerberg, le patron du groupe, devra s'expliquer le 11 avril devant des parlementaires américains très remontés.
La firme Cambridge Analytica, qui a plus tard travaillé pour l'équipe de campagne de Donald Trump, a récupéré, via un questionnaire psychologique téléchargé par plus de 300 000 personnes dans le monde, une précieuse base de données. À l'époque, les applications autorisées par une personne avaient accès aux données de ses amis. Cette option a été supprimée en 2014, mais Mark Zuckerberg a reconnu que le réseau social devait mieux contrôler lui-même l'usage des données par les applications.
Contre-offensive médiatique
Empêtré dans ce scandale, qui est venu s'ajouter à d'autres polémiques, Mark Zuckerbeg organise depuis plusieurs semaines la contre-offensive politique et médiatique. Il veut convaincre les utilisateurs, et les pouvoirs publics aux États-Unis et dans le reste du monde, que le site a pris conscience de sa responsabilité, agit pour protéger ses usagers de toute exploitation malveillante de leurs données ainsi que contre toute opération de propagande ou de désinformation politique.
Encore mercredi, le groupe a détaillé ses mesures destinées à rendre plus clairs et transparents les paramètres de confidentialité puis, dans un autre texte, expliquer ce qu'il comptait faire pour limiter la diffusion de données personnelles vers des tiers.
Mardi, Mark Zuckeberg avait également annoncé la suppression de 270 pages et comptes Facebook et Instagram gérés par la société russe Internet Research Agency (IRA), qui se trouvait déjà, selon le renseignement américain, derrière l'opération de désinformation lancée pour déstabiliser la campagne présidentielle américaine de 2016.
En 2017, Facebook avait déjà supprimé des centaines de faux comptes de l'IRA destinés à influencer les débats politiques aux États-Unis, ainsi que 30 000 ciblant les élections en France et d'autres encore en Allemagne. Facebook supprime cette fois des comptes ciblant des personnes en Russie ou dans des pays où le russe est parlé tels l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan et l'Ukraine.
Zuckerberg, 33 ans, devrait témoigner au moins deux fois au Congrès, chaque chambre gardant jalousement ses prérogatives et exigeant de l'entendre séparément. Il a confirmé sa venue le 11 avril devant la commission du Commerce de la Chambre des représentants. Il a également été invité le 10 avril par la commission des affaires juridiques du Sénat, aux côtés des patrons de Google, Sundar Pichai, et de Twitter, Jack Dorsey. Selon des déclarations de la sénatrice démocrate de Californie, Dianne Feinstein, au quotidien San Francisco Chronicle, il en aurait accepté le principe, mais la date n'a pas encore été calée.
Avec AFP