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Yémen : Amnesty condamne les ventes d'armes occidentales à l'Arabie saoudite

Amnesty International a une nouvelle fois dénoncé vendredi les ventes d'armes occidentales à l'Arabie saoudite et à ses alliés impliqués dans la guerre au Yémen, estimant que ces livraisons bafouaient le traité sur le commerce des armes.

"Il existe de vastes preuves que des flux irresponsables d'armes à destination de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite ont eu pour résultat un énorme préjudice pour des civils yéménites", a dénoncé dans un communiqué Lynn Maalouf, directrice de recherche d'Amnesty International pour le Moyen-Orient. L’ONG a accusé plusieurs pays, dont les États-Unis et le Royaume Uni, mais aussi la France, l’Espagne et l’Italie de  "continuer à livrer des milliards de dollars d’armes" à l’Arabie saoudite et de se rendre coupables de "crimes de guerre potentiels au Yémen".

En début de semaine,  une étude du cabinet d'avocats Ancile, dévoilée par Amnesty International France et l’ONG  Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), avait estimé que la France s'exposait à un risque juridique "élevé" en livrant à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis du matériel militaire dont l'utilisation est susceptible de violer le droit international humanitaire.

L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition militaire régionale, est engagée depuis trois ans dans une guerre au Yémen contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui a fait plus de 10 000 morts, déplacé plus de trois millions de personnes et plongé le pays "dans la pire crise humanitaire du monde", selon les Nations Unies.

De nouveaux contrats d’armement entre les États-Unis et l’Arabie saoudite

Amnesty International déclare avoir analysé des images vidéo confirmant au moins deux attaques contre des cibles civiles, en août 2017 et en janvier 2018, utilisant des bombes fabriquées par les firmes américaines Lockheed Martin et Raytheon. L’ONG affirme avoir documenté 36 raids aériens de la coalition sous commandement saoudien qui semble avoir "violé la loi humanitaire internationale".

Cela n’a pas empêché l’administration américaine de donner jeudi son feu vert pour des contrats d'armement d’un montant total de plus d'un milliard de dollars avec l'Arabie saoudite, dont le prince héritier est actuellement en visite aux États-Unis. Le principal contrat porte sur la vente de 6 600 missiles antichar TOW 2B, pour 670 millions de dollars, selon un communiqué du département d'État américain.

La France sous pression

La pression s'accroît sur la France, troisième exportateur mondial d'armement, pour qu'elle suspende ses ventes et livraisons d'armes à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Depuis quatre ans, les ventes d’armes tricolores battent tous les records, classant la France au troisième rang mondial sur la période 2013-2017, selon le centre de recherche suédois Sipri.

Paris a ratifié en avril 2014 le traité sur le commerce des armes qui stipule que tout pays exportateur doit évaluer si la vente de ses armes pourrait servir à "commettre une violation grave du droit international des droits de l’Homme ou à en faciliter la commission".

Le Parlement européen a adopté en décembre dernier une résolution non contraignante, très critique à l'égard de la diplomatie économique de la France, appelant à un embargo sur les ventes d'armes à Riyad. La Norvège a suspendu certains de ses contrats vers les Émirats, l'Allemagne a durci les règles d'exportation vers l'ensemble des parties impliquées au Yémen.

Avec AFP et Reuters