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Endettés, les clubs argentins cherchent leurs nouveaux messies

En Argentine, la reprise du championnat de football devait avoir lieu le 14 août. Elle a finalement été suspendue jusqu’à nouvel ordre. La Fédération nationale en a décidé ainsi, le temps que les clubs paient leurs dettes.

L’Argentine est en crise ; le football argentin - sport national par excellence - aussi. Lors de la réunion hebdomadaire des présidents de tous les clubs, le 4 août, la décision a été unanime : le coup d’envoi de la saison de football n’aura pas lieu, comme prévu, le 14 août.


"Les championnats, toutes divisions confondues, ne reprendront pas"
, a annoncé le responsable de la communication de la Fédération argentine, Ernesto Cherquis Bialo, à l’issue de la rencontre.


Les clubs doivent environ 7,3 millions d’euros à leurs joueurs et plusieurs dizaines de millions d'euros au fisc. Selon la presse sportive argentine, l'ensemble des clubs de première division serait redevable d'environ 128 millions d'euros à leurs joueurs, à la fédération et aux impôts. Parmi les clubs les plus touchés de première division, on retrouve : San Lorenzo, Newell's Old Boys, Rosario Central, Huracán et surtout Independiente de Avellaneda et River Plate.


Certains se sont déclarés prêts à régulariser des retards à hauteur de 55 millions d'euros, selon le responsable de la direction des impôts, Ricardo Echegaray. Mais le flou demeure sur l'existence d'un début de règlement. Pour stopper cette hémorragie, la Fédération de football argentine (AFA) a donc décidé de suspendre la reprise du championnat, en attendant de trouver une solution.

"Le championnat est devenu un championnat de transit"

Lors de la réunion, les dirigeants des clubs ont tenté de trouver des solutions pour renflouer leurs caisses, à commencer par la vente de joueurs. "Les clubs ne peuvent pas vendre tous leurs joueurs, déplore Julio Grondona, président de l'AFA et vice-président de la FIFA. La saison 2009-2010 est particulièrement marquée par l'arrivée en force des Argentins dans les championnats européens, notamment en Série A, en Liga, en Premier League, mais aussi en Ligue 1.


Un regret partagé par Angel Cappa, entraîneur du club Huracan, vice-champion d’Argentine. "Nous fournissons la planète entière. Nous sommes victimes de notre succès et, aujourd’hui, il n’y a plus de stars dans les grands clubs, commente-t-il dans les colonnes du mensuel français So Foot. Le championnat est devenu un championnat de transit, surtout depuis que la crise mondiale a éclaté."


Autre solution évoquée par les clubs : faire appel à une aide gouvernementale. Mais le gouvernement, déjà bien affaibli par la crise économique, a rejeté en bloc cette option. Hors de question que l'Etat vienne en aide aux clubs.


Au final, les dirigeants des clubs et le patron de la fédération se tournent vers le petit écran. Pour la saison 2009-2010, le contrat de diffusion des matchs signé avec les clubs devait passer de 43 à 55 millions d'euros, une hausse jugée largement insuffisante par Grondona. "Pour moi, la solution est de percevoir plus d’argent des droits de retransmission", affirme-t-il. Il réclame donc quelque 104 millions d'euros additionnels.


"Sans football, plus d'abonnement au câble"

Il estime également que le problème serait résolu si les chaînes de télévision prélevait 12 pesos (environ 2 euros) sur chaque abonnement, sans en augmenter le tarif, afin de les redistribuer aux clubs.


Angel Cappa, interrogé par So Foot, défend cette idée : "La télévision donne 3 % de ce qu’elle gagne aux clubs. Elle se sucre sur le dos des clubs et met des clauses abusives. C’est la télévision qui dirige le football argentin. Nous sommes devenus ses esclaves."


L’entreprise qui gère les droits, Torneos y Competencia, détient le monopole et fixe ses propres tarifs. En Espagne, la répartition est plus équitable, à hauteur de 25 %. Quant au championnat anglais, il est le plus généreux, avec 34%.

La fédération et Torneos y Competencias sont aujourd'hui en négociations. "La télévision peut proposer une autre collaboration pour résoudre ce problème, estime Julio Grondona. Mais nous aimerions qu'elle soit proportionnelle aux gains générés par le football". Et de rappeler : "Sans football, plus d'abonnement au câble."


Pour l'heure, les médias locaux avancent que la télévision pourrait faire une proposition, moyennant une prolongation de six ans de son contrat, qui court jusqu'en 2014.