Après les forces de l'ordre, six millions de Nigériens se prononcent sur une révision de la Constitution voulue par le président Mamadou Tandja. Elle lui permettrait de rester à la tête du pays au terme de son deuxième mandat.
Les Nigériens se rendent aux urnes pour se prononcer sur un référendum constitutionnel controversé, qui permettrait au président Mamadou Tandja de briguer un nombre illimité de mandats. L'opposition a multiplié les manifestations, tandis que la communauté internationale a tenté de dissuader Mamadou Tandja d'organiser ce référendum.
Le président Tandja a officiellement marqué le début du scrutin en votant dans la mairie de Niamey, la capitale.
Si les Nigériens se prononcent majoritairement en faveur de la révision constitutionnelle, Mamadou Tandja pourrait prolonger son mandat de trois ans après la fin de son deuxième quinquennat, le 22 décembre prochain, puis se présenter à toutes les élections présidentielles qu’il souhaitera. Ce qui lui est actuellement impossible, selon les termes de l’actuelle Constitution.
La Cour constitutionnelle et le Parlement, défavorables à l’organisation d’un tel référendum, ont été dissous en mai et juin par le président. Le 27 juin, il s’est arrogé des pouvoirs exceptionnels pour gouverner seul, par ordonnances et décrets.
Condamnation de la communauté internationale
Depuis, les grèves se succèdent, l’opposition crie au "coup d’État" et la communauté internationale condamne le scrutin. Mais le président, âgé de 71 ans, ne cède pas. "On veut que je recule parce que l’opinion internationale veut que je le fasse, mais je ne le ferai pas ! " a-t-il affirmé le 22 juillet dernier, à la télévision d’État.
Mardi, le leader de l’opposition Mahamadou Issoufou a lancé un dernier appel au boycott du scrutin, qu’il juge "illégal". Lundi, l’opposition avait prévenu qu’elle était "prête à faire tout ce qui était légalement possible pour empêcher la tenue du scrutin", indique Melissa Bell, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Niamey.
Si, malgré ses efforts, le vote se déroule normalement, Tandja a, selon Melissa Bell, de grandes chances d’obtenir la révision constitutionnelle.
Mamadou Tandja, ancien militaire, dirige ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest depuis 1999.
La France, ancienne puissance coloniale, s’est joint à l’Union africaine et à l’ONU pour demander à Mamadou Tandja d’abandonner son projet de référendum. L’Union européenne a gelé son aide et mis en garde le pays contre "de graves violations aux valeurs essentielles de la démocratie et aux principes de la légalité".
Même si le Niger est pourvu d’un sol riche en uranium, sa population est l’une des plus pauvres du globe. Le pays se classe parmi les derniers à l’indice de développement humain de l’ONU.
Les bureaux de vote devraient fermer à 19 heures (GMT+1). "Les résultats ne devraient pas être connus avant cinq jours", a affirmé le responsable de la commission électorale du pays, Moumouni Hamidou.