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Bill Richardson, diplomate américain, démissionne de la commission sur les Rohingya et fustige Aung San Suu Kyi

Le diplomate américain Bill Richardson a démissionné d'une commission consultative mise en place par Aung San Suu Kyi pour tenter de résoudre la crise des réfugiés rohingyas, alarmé par "l'absence de leadership" de la dirigeante birmane.

C’est un nouveau coup dur pour la résolution du conflit qui secoue l’ouest de la Birmanie. Le diplomate américain Bill Richardson a claqué la porte, jeudi 25 janvier, de la commission sur les Rohingya, mise en place en décembre par Aung San Suu Kyi pour tenter de résoudre la crise des réfugiés. Richardson se dit alarmé par "l'absence de leadership" de la dirigeante birmane.

"C'est avec une grande déception que j'annonce ma démission du Conseil consultatif sur l'État de Rakhine [État d’Arakan en français]", a déclaré le diplomate dans un communiqué.

Bill Richardson, ancien membre de l'administration Clinton, était l'un des personnages essentiels de ce groupe mis en place en décembre et chargé de proposer des solutions au conflit qui secoue l'État d’Arakan, dans l'ouest de la Birmanie. Près de 690 000 musulmans rohingyas vivant dans cette zone se sont réfugiés au Bangladesh voisin depuis fin août pour fuir une opération de l'armée, qualifiée de campagne "d'épuration ethnique" par les Nations unies.

"Absence de leadership moral"

Le diplomate s'est déclaré très préoccupé par "l'absence de leadership moral" d'Aung San Suu Kyi et décrit sa "réponse furieuse" à ses appels pour libérer deux journalistes de Reuters arrêtés pour leur enquête sur l'armée dans la région.

Bill Richardson dit craindre que ce conseil consultatif ne devienne "une troupe de pom-pom girls" au service de la politique du gouvernement, car il refuse de "proposer les changements de politique authentiques dont on a désespérément besoin pour assurer la paix, la stabilité et le développement dans l'État de Rakhine".

Il a indiqué avoir été "interloqué" par le dénigrement des médias, de l'ONU, de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l'Homme, et alarmé par "le manque de sincérité" avec lequel le problème de la citoyenneté des Rohingya a été discuté dans le cadre de cette commission.

"Attaques personnelles"

Évoquant des "attaques personnelles" contre Aung San Suu Kyi, le porte-parole de cette dernière regrette que Bill Richardson n'ait pas essayé "de comprendre la Birmanie plutôt que de la blâmer".

Bill Richardson avait rejoint le comité en tant que simple citoyen, a indiqué Washington quelques heures après sa démission, précisant que les États-Unis partageaient toutefois beaucoup de ses préoccupations.

Pendant des décennies, les Rohingya se sont vu dénier tout droit à la citoyenneté dans le cadre d'un système discriminatoire qui limite leurs droits et leur liberté de mouvement en Birmanie.

La situation est critique, car la Birmanie et le Bangladesh n'ont pas pu tenir les délais pour assurer le retour de centaines de milliers de réfugiés rohingyas en Birmanie, alors que les premiers rapatriements étaient prévus le 23 janvier, en vertu d'un accord signé le 23 novembre par les deux pays.

Avec AFP