Le pape François est rentré, lundi, d'Amérique latine après l'un des voyages les plus éprouvants de son pontificat. Il a présenté ses excuses pour avoir demandé des "preuves" aux victimes d'abus sexuels qui accusent un évêque au Chili.
Le pape François a fait acte de contrition. Rentré d'Amérique latine, lundi 22 janvier, après un voyage d'une semaine, il a été contraint de présenter des excuses pour avoir demandé des "preuves" aux victimes d'abus sexuels qui accusent un évêque au Chili.
Le sixième voyage en Amérique latine de l'Argentin Jorge Bergoglio, premier pape latino-américain de l'Histoire, a été contrasté. Ferveur exaltée des Péruviens présents en masse pour le saluer dans un pays où la religiosité populaire reste vibrante. Mais aussi accueil plus clairsemé dans le plus opulent Chili, déchiré par des scandales d'abus sexuels commis par des prêtres et en pleine révolution sociétale aux antipodes de l'Église.
"Cela a été un voyage, comme on dit en espagnol 'pasteurisé', comme avec le lait que l'on passe du froid au chaud, du chaud au froid", a résumé le pape dans l'avion qui le ramenait à Rome. François a dû en effet présenter, lundi, ses excuses aux victimes d'abus sexuels, après le tollé provoqué au Chili par son soutien à un évêque chilien controversé, faute de "preuve" à son encontre.
"Le jour où vous m'apportez une preuve contre l'évêque Barros, je vous parlerai. Il n'y a pas une seule preuve contre lui. Tout est calomnie. C'est clair ?", avait lancé le pape, apostrophé jeudi par des journalistes au Chili.
François a aussi choqué l'opinion publique en donnant une accolade à Mgr Juan Barros, évêque soupçonné d'avoir gardé sous silence les agissements d'un vieux prêtre pédophile défroqué par le Vatican. "Je dois présenter des excuses parce que le mot 'preuve' a blessé tant de personnes victimes d'abus", a déclaré François lors de son vol retour.
"Entendre le pape leur dire en face 'apportez-moi une lettre avec la preuve' c'est une gifle et je me rends compte maintenant que mon expression n'a pas été heureuse", a-t-il convenu. "Clairement, je sais qu'il y a beaucoup de personnes victimes d'abus qui ne peuvent apporter de preuve, parce qu'elles ne l'ont pas ou parfois parce qu'elles ont honte, souffrent en silence".
Au Chili, il avait d'abord gagné des points en exprimant sa "honte" pour les actes du clergé et en rencontrant en privé deux victimes pour prier et pleurer avec elles. Mais le souverain pontife a également précisé que le Vatican avait enquêté très sérieusement sur le cas de Mgr Barros, sans trouver "d'élément à charge". Surtout, il s'est dit "convaincu" de son innocence, au risque de brouiller à nouveau son message aux Chiliens.