A coups de gaz lacrymogènes, la police malaisienne a dispersé samedi à Kuala Lumpur une manifestation de plusieurs milliers d'opposants qui dénonçaient les détentions sans procès. Des centaines de personnes ont été arrêtées.
AFP - La police malaisienne a dispersé brutalement samedi à Kuala Lumpur quelque 15.000 manifestants réclamant l'abolition de lois permettant la détention sans jugement et procédé à plusieurs centaines d'arrestations.
A coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, près de 5.000 policiers, dont des unités anti-émeute, ont dispersé les protestataires réunis dans plusieurs endroits de la ville, notamment dans deux mosquées et un centre commercial.
Près de trois cents personnes ont été arrêtées pour avoir pris part à cette manifestation, selon le chef adjoint de la police, Ismail Omar.
"Au total, 288 personnes ont été arrêtées jusqu'à présent. Il pourrait y en avoir quelques-unes de plus après ça, nous ne savons pas. Le rassemblement était illégal", a-t-il dit à l'AFP.
"Nous voulions simplement disperser les manifestants. C'est pourquoi nous avons fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes", a-t-il expliqué, affirmant que la police avait fait preuve de retenue.
Parmi les personnes arrêtées figurent plusieurs personnalités politiques de l'opposition, dont R. Sivarasa, vice-président du parti du leader Anwar Ibrahim.
Anwar Ibrahim, qui faisait partie des manifestants, a dit avoir été atteint par des gaz lacrymogènes et jugé que cette action de la police ternissait l'image du Premier ministre, Najib Tun Razak.
Vendredi, ce dernier avait critiqué l'annonce de cette manifestation de l'opposition, la jugeant inutile et assurant qu'il avait déjà accepté le principe d'une révision de la loi sur la sécurité intérieure, qui autorise la détention sans jugement et date de l'époque coloniale.
"Il aurait dû discuter avec les dirigeants de l'opposition pour leur demander d'annuler la manifestation s'il pense vraiment entreprendre les réformes qu'il a promises", a déclaré Anwar Ibrahim.
Les organisateurs de la manifestation ont annoncé vouloir présenter au roi un document en dix points comprenant l'abolition de cette loi, la fermeture d'un camp de prisonniers et une enquête sur toutes les personnes décédées au cours de leur détention par la police.
Un correspondant de l'AFP a vu au moins 50 personnes être interpellées, dont le parlementaire de l'opposition Siti Mariah Mahmud, du parti islamique PAS, au moment où elles tentaient de pénétrer dans une mosquée.