La police annonce avoir libéré 180 femmes et enfants appartenant au groupe islamiste à l'origine des violences. Les femmes de la secte ne doivent pas être vues par d'autres hommes et les enfants subissent une stricte éducation coranique.
REUTERS - Les forces de sécurité nigérianes ont libéré mercredi 180 femmes et enfants membres de la secte musulmane Boko Haram, à l'origine de violences qui ont fait plus de 150 morts depuis dimanche.
Soldats et policiers ont passé au peigne fin la ville de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, allant de maison en maison à la recherche des partisans de cette secte. Une centaine de personnes ont été arrêtées.
Un complexe appartenant à Mohamed Yusuf, le leader de Boko Haram, a été encerclé et bombardé par les forces de sécurité. Plusieurs bâtiments, dont une petite mosquée, ont été détruits mais le prédicateur reste introuvable.
La police dit avoir libéré au cours de cette opération 180 femmes et enfants, dont les maris et les pères sont des fidèles de Mohamed Yusuf. Les membres de la secte refusent que leurs femmes soient vues par d'autres hommes et imposent à leurs enfants une stricte éducation coranique.
Armés de coupe-coupe, de couteaux, de fusils de chasse et de bouteilles incendiaires, les partisans de Mohamed Yusuf ont attaqué des églises, des commissariats de police, des prisons et des édifices publics ces derniers jours.
Ils entendaient protester contre l'arrestation de certains de leurs chefs dimanche dans l'Etat de Bauchi. Le soulèvement a ensuite gagné les Etats septentrionaux de Kano, Yobé et Borno.
Le Boko Haram souhaite étendre la charia (loi islamique), appliquée dans 12 des 36 Etats du Nigeria, à l'ensemble du pays le plus peuplé d'Afrique. Son leader est accusé d'avoir embrigadé des étudiants au chômage et des jeunes illettrés dans une campagne violente contre les élites au pouvoir.
ARRESTATIONS DANS LES ETATS DE KANO ET SOKOTO
Dans l'Etat de Kano, à 500 km à l'ouest de Borno, la police dit avoir arrêté 53 activistes, dont le numéro deux du mouvement dans la région. Les forces de sécurité ont reçu l'ordre de détruire la maison et la mosquée du leader de la secte dans cet Etat.
Plusieurs arrestations ont aussi eu lieu dans l'Etat de Sokoto, à l'extrême nord-ouest du pays.
Le président nigérian Umaru Yar'Adua, qui a ordonné aux forces de l'ordre de prendre toutes les mesures nécessaires pour contenir les islamistes, a tenu une réunion mardi avec des responsables de la sécurité et des gouverneurs d'Etat.
"Ces gens sont organisés, s'infiltrent dans notre société, se procurent des armes et rassemblent des informations sur la manière de fabriquer des explosifs et des bombes afin d'imposer leur vision au reste des Nigérians", a-t-il dit.
Le chef de l'Etat a promis que l'opération en cours permettrait de "neutraliser" tous les activistes.
Selon la police de Maiduguri, 90 émeutiers ont été tués dans la ville, ainsi que huit policiers, deux soldats et trois responsables de prison.
Plus de 50 personnes avaient été tuées dimanche dans l'Etat de Bauchi et quelques autres ont péri à Kano et Yobé.
Plusieurs milliers d'habitants de Maiduguri ont trouvé refuge mardi dans des casernes de l'armée pour fuir les violences.
Le Nigeria, un pays d'environ 140 millions d'habitants, compte plus de 200 groupes ethniques qui cohabitent généralement en paix même si les tensions tribales ou interreligieuses y débouchent parfois sur des affrontements meurtriers.
La guerre civile du Biafra a fait un million de morts entre 1967 et 1970.