Le Pakistan refuse de livrer à l'Inde les personnes arrêtées sur son territoire, suspectées d'avoir participé aux attaques de Bombay. Islamabad estime qu'il est de son ressort de juger ces personnes, faisant fi de la demande de New Delhi.
AFP - Le Pakistan ne livrera pas à l'Inde les personnes arrêtées récemment dans l'enquête sur les attaques de Bombay mais les jugera lui-même si elles sont soupçonnées d'y avoir participé, a annoncé mardi le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.
"Ces arrestations ont lieu dans le cadre de notre propre enquête. Même si les accusations (indiennes) contre eux sont démontrées, nous ne les livrerons pas à l'Inde", a-t-il déclaré dans un discours à Multan, dans le centre du Pakistan.
"Nous jugerons nous-mêmes ceux qui ont été arrêtés en vertu de la loi pakistanaise", a-t-il ajouté.
L'Inde assure que les attaques ont été organisées au Pakistan et perpétrées par des Pakistanais. Elle exige du Pakistan, son rival de toujours dans la région, qu'il lui livre ces suspects, en menaçant à demi-mot de représailles dans le cas contraire.
L'Inde et le Pakistan, deux puissances militaires nucléaires, se sont déjà affrontés dans trois guerres depuis leur création, en 1947.
Les Etats-Unis tentent à la fois de faire pression sur le Pakistan, leur allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme", pour qu'il collabore "pleinement", et d'apaiser l'Inde en assurant qu'Islamabad, également victime d'une vague sans précédent d'attantats islamistes depuis 16 mois, ferait tout pour punir les coupables.
"Nous ne voulons pas la guerre mais nous sommes totalement prêts pour le cas où elle nous serait imposée", a averti M. Qureshi. "Nous sommes conscients de nos responsabilités pour défendre notre terre mais nous ne souhaitons pas la guerre", a-t-il insisté.
Les forces de sécurité pakistanaises ont arrêté depuis samedi 16 personnes proches ou directement liées au groupe islamiste pakistanais interdit Lashkar-e-Taïba, accusé par New Delhi d'avoir organisé et perpétré les attaques coordonnées de Bombay.
Parmi eux figurent, selon l'Inde, l'un des principaux organisateurs présumés des attaques, qui ont fait 163 morts, Zaki-ur-Rehman Lakhvi.
Son nom aurait été livré, toujours selon New Delhi, par le seul survivant du commando des 10 assaillants, capturé par les forces de sécurité indiennes au début des attaques, qui ont duré près de trois jours.
Lakhvi, membre présumé du Lashkar, a été capturé samedi à Multan.
Quatorze autres personnes ont été arrêtées dimanche et lundi dans la partie du Cachemire (est) administré par le Pakistan dans un raid contre un camp pour personnes défavorisées dirigé par une association caritative musulmane, Jamaat-ud-Dawa, considérée comme l'aile politique du Lashkar.
Enfin, un homme a été arrêté dimanche à Rawalpindi, près d'Islamabad.