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Gouvernement de coalition ou élections anticipées : les pourparlers échouent en Allemagne

Près de deux mois après les législatives du 24 septembre, Angela Merkel a reconnu jeudi l'existence de "différences profondes" entre conservateurs, libéraux et écologistes qui tentent de former un gouvernement de coalition.

Les discussions se sont prolongées jusque tard dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 novembre, mais n’ont pas abouti : conservateurs, libéraux et Verts ne se sont toujours pas mis d’accord pour former un gouvernement de coalition en Allemagne, malgré le dépassement de la date-butoir qui avait été fixée au 16 novembre par la chancelière Angela Merkel. Les pourparlers reprendront vendredi à midi (heure locale), ont annoncé des participants qui se préparent à y passer le week-end si nécessaire.

Angela Merkel a reconnu jeudi l'existence de "différences profondes" entre conservateurs, libéraux et écologistes qui, s’ils parviennent à un accord, entameront l'élaboration d'un "contrat de coalition" avec l'objectif de former, au plus tôt d'ici Noël, un quatrième gouvernement dirigé par Angela Merkel.

Il y a "des différences, des différences profondes, (...) c'est un travail difficile [mais] je pense qu'on peut réussir", a-t-elle confié devant la presse avant le début de la dernière journée de pourparlers.

Dans le cas où aucun compromis ne serait trouvé après un mois de pourparlers, des élections législatives anticipées historiques pourront être convoquées. Après une victoire décevante aux législatives du 24 septembre et une percée de l'extrême droite , celle qui dirige la première économie européenne depuis douze ans n'est pas en mesure de faire la fine bouche sur ses futurs alliés gouvernementaux.

"Personne n'a plus besoin d'un accord que Merkel. Après tout, c'est elle qui veut se faire réélire chancelière [pour la quatrième fois]", estime le journal Süddeutsche Zeitung.

"Il nous manque quelques heures"

Si Peter Tauber, l'un des ténors de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela Merkel, continuait de voir de "bonnes chances" d'aboutir, l'allié bavarois (CSU) était bien plus réservé et reprochait aux Verts un manque de souplesse.

Depuis près d'un mois, les partis aux positions souvent très éloignées ont mené des discussions tendues, ponctuées de querelles étalées sur la place publique. Qu'il s'agisse de la fiscalité en Allemagne, de la réforme de l'Union européenne, des objectifs climatiques ou de la politique migratoire, les partis défendent des positions souvent diamétralement opposées.

"Il y a encore des différences de points vue en particulier sur les questions d'immigration et de politique financière", a reconnu le dirigeant du Parti libéral (FDP), Christian Lindner, jugeant toutefois ces disparités « surmontables ». "Un projet aussi historique" de réunir dans un même gouvernement des partis que tout semble séparer "ne doit pas échouer car il nous manque quelques heures" de discussions, a-t-il souligné.

Angela Merkel, quant à elle, a quitté le bâtiment où se tiennent ces discussions vers 04h45 locales (03h45 GMT) sans faire la moindre déclaration.

De son côté, le parti social-démocrate (SPD) a choisi une cure d'opposition après un score historiquement bas aux élections. Il a clairement fait savoir qu'il ne gouvernera pas avec Angela Merkel.

La perspective d’une coalition dite "Jamaïque" en berne

Au fil des semaines, le soutien de la population envers une coalition dite "Jamaïque" – référence aux couleurs noire-jaune-verte des conservateurs, libéraux et écologistes – s'est sérieusement érodé.

Selon un récent sondage de la télévision publique ARD, la majorité des personnes interrogées (52 %) la rejettent désormais, alors que début octobre elle avait la faveur des Allemands.

Un nouveau scrutin risque de profiter avant tout à l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti d'extrême-droite qui avec près de 13 % à fait une entrée historique à la chambre des députés.

Avec AFP