Huit membres des forces de l'ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine, dont l'ex-patron de la lutte contre le hooliganisme. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devrait recevoir les organisations représentatives du secteur.
La police et la gendarmerie nationale sont confrontées à un grand nombre de suicides dans leurs rangs. En une semaine, huit membres de forces de l’ordre ont mis fin à leurs jours.
Dimanche 12 novembre, c'est le commissaire Antoine Boutonnet, ex-chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui a été retrouvé mort, après avoir probablement mis fin à ses jours avec son arme de service, au terme d'une semaine noire dans les rangs des forces de l'ordre. Dans la soirée, ce terrible bilan s'aggravait encore avec un nouveau suicide d'une policière dans la région de Perpignan.
Depuis le début de l'année 2017, 45 policiers et 16 gendarmes se sont donnés la mort, selon un décompte du ministère de l'Intérieur et de l'AFP.
"Prévenir les suicides"
Cette accélération du nombre de suicides a conduit le Premier ministre Édouard Philippe à annoncer lundi que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb allait recevoir "l'ensemble des organisations représentatives des forces de l'ordre". Ce dernier a également demandé dimanche soir aux directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmerie et de la Sécurité intérieure "une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre".
ℹ️ Suicides parmi les forces de l’ordre : @gerardcollomb demande aux directeurs généraux de la @PoliceNationale, de la @Gendarmerie et de la sécurité intérieure de lui présenter une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir ces actes. pic.twitter.com/5hmkK0OccG
Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) 12 novembre 2017Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuellement) et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l'ordre avait décru en 2015 et 2016.
"De l'usure"
Était-ce l'effet du plan présenté en janvier 2015 par Bernard Cazeneuve contenant 23 mesures (recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, nouveaux cycles de travail...) destinées à prévenir le suicide ou la conséquence vertueuse du tourbillon opérationnel dans lequel sont plongées les forces de l'ordre depuis deux ans, confrontés à une menace terroriste sans précédent ?
"Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d'eux-mêmes mais peut-être que cela a également généré de l'usure", avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
"Confrontés au quotidien à la misère humaine, à la violence et au pire que l'on puisse trouver chez l'homme, les policiers ne peuvent plus supporter ce manque de considération, facteur du passage à l'acte dramatique", estime Unité-SGP-Police, qui demande une "réunion immédiate" du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la Police nationale.
Management "déplorable", manque de considération, conditions de travail, "usure professionnelle", "désocialisation", politique du chiffre, sont pointés par le syndicat de gardiens de la paix.
Selon un rapport remis en février 2016 à la ministre de la Santé Marisol Touraine, près de 10 000 se suicident chaque année en France, soit environ 25 par jour. Le nombre de tentatives est de plus de 200 000.
Avec AFP et Reuters