Des milliers de personnes ont manifesté à Lomé, mardi, contre le régime du président Faure Gnassingbé à l'appel de l'opposition togolaise, après plus de deux mois de crise politique dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
L'opposition retrouve son souffle au Togo. Après plusieurs jours de silence, elle est redescendue, mardi 7 novembre, dans les rues de la capitale Lomé.
Brandissant des pancartes "Cinquante ans de dictature sanguinaire, ça doit finir" ou encore "Dénonçons le complot international contre le Togo", des milliers de personnes ont manifesté contre le régime du président Faure Gnassingbé.
Chaque semaine depuis fin août, l'opposition descend en nombre dans les rues de ce pays d'Afrique de l'Ouest, plongé dans une crise politique.
"Discuter des conditions de départ de Faure Gnassingbé"
Dans le cortège, l'un des principaux leaders de l'opposition, Jean-Pierre Fabre, a réagi à l'annonce faite lundi soir par le gouvernement, affirmant prendre "toutes les dispositions nécessaires pour l'ouverture, à Lomé, d'un dialogue avec l'ensemble de la classe politique togolaise". "Nous sommes favorables au dialogue et nous l'avons toujours dit [...] mais pour discuter des conditions de départ de Faure Gnassingbé", a expliqué Jean-Pierre Fabre.
Selon une source proche de la présidence togolaise, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a effectué dimanche une brève visite à Lomé pour s'entretenir avec son homologue togolais de la crise qui secoue le pays. D'autres chefs d'État de la région, comme le Béninois Patrice Talon et le Guinéen Alpha Condé, ont également proposé leurs services de médiateurs ces dernières semaines, sans permettre jusque-là de réunir pouvoir et opposition à la même table.
Des heurts à Sokodé
À Sokodé, dans le Nord, la deuxième ville du pays et bastion de l'opposant Tikpi Atchadam, les tentatives de rassemblements ont été dispersées en fin de matinée par les forces de l'ordre, malgré la récente levée de l'interdiction de manifester en semaine par le gouvernement.
"Depuis [lundi] soir, l'armée est déployée dans les quartiers et pourchasse les jeunes activistes jusque chez eux", a affirmé le représentant local de l'Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition), Ouro Akpo Tchagnaou. "Ils dispersent tout rassemblement dans les rues et utilisent des bâtons et des chaînes pour les bastonner".
L'opposition demande que le nombre de mandats présidentiels soit limité à deux et réclame la démission de Faure Gnassinbgé, héritier d'une famille à la tête du Togo depuis cinquante ans. Le gouvernement compte organiser un référendum pour faire adopter une réforme prévoyant notamment cette limitation des mandats présidentiels, mais la mesure n'est pas rétroactive, ce qui permet au chef d’État de se présenter aux scrutins de 2020 et de 2025.
Avec AFP