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La coalition du Premier ministre japonais Shinzo Abe a conservé la majorité des deux tiers à la chambre basse du Parlement, à l'issue des législatives anticipées de dimanche, selon les sondages réalisés à la sortie des urnes.
Un nouveau mandat à la tête de la troisième économie mondiale se confirme pour Shinzo Abe. Le Premier ministre conservateur japonais a remporté, dimanche 21 octobre, une large victoire aux législatives anticipées, selon les projections de plusieurs médias japonais.
Pour sa première prise de parole à l'issue du scrutin, Shinzo Abe a promis la fermeté envers Pyongyang, dossier qui, avec l'économie, aura été l'un des grands thèmes de sa campagne. "Comme je l'avais promis pendant les élections, ma tâche imminente est d'agir avec fermeté envers la Corée du Nord. Pour cela, une diplomatie forte est nécessaire. Je veux renforcer notre puissance diplomatique après la confiance que nous avons obtenue", a-t-il déclaré à une chaine de télévision.
La coalition formée par le Parti libéral-démocrate (PLD, droite) de Shinzo Abe et le parti Komeito (centre-droit) devait remporter plus de 312 des 465 sièges soit une majorité des deux tiers, selon les estimations presque complètes données lundi par la chaîne publique NHK. La majorité des deux tiers ainsi maintenue dans les deux chambres peut notamment lui permettre de convoquer un référendum proposant de réviser la Constitution pacifiste, dictée en 1947 par les États-Unis après la reddition du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale et dont l'article 9 consacre la renonciation "à jamais" à la guerre.
Au pouvoir depuis fin 2012, après un premier exercice raté en 2006-2007, Shinzo Abe pourrait ainsi rester aux commandes jusqu'en 2021, et atteindre le record de longévité d'un Premier ministre japonais.
Une opposition morcelée
À l'issue d'une brève campagne de 12 jours, des millions de Japonais ont bravé dimanche des pluies diluviennes à l'approche d'un puissant typhon.
Si les intempéries n'ont pas perturbé la logistique du scrutin, elles pourraient avoir favorisé l'abstention, bien s'il soit possible au Japon de voter plusieurs jours à l'avance. Quelque 21,4 millions d'électeurs, sur environ 100 millions de Japonais en âge de voter, ont ainsi voté avant dimanche, un record.
Shinzo Abe a bénéficié d'une opposition affaiblie et morcelée, composée essentiellement de deux partis fraîchement créés avant le scrutin. Le Parti de l'espoir, après l'effet médiatique du coup de théâtre de sa création par la charismatique gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, devrait remporter 49 sièges, selon TBS.
Le nouveau Parti démocratique constitutionnel du Japon a réalisé un score meilleur que prévu, mais se trouvait lui aussi loin derrière la coalition de Shinzo Abe. "La victoire du PLD est simplement due au fait que l'opposition n'a pas pu former un front uni", a déclaré à l'AFP le politologue Mikitaka Masuyama, de l'Institut national d'études politiques.
Défis économiques
La coalition de Shinzo Abe serait donc en passe de maintenir sa majorité des deux tiers à la chambre basse, comme c'est déjà le cas au Sénat. Il s'agit là d'une condition nécessaire pour convoquer un référendum proposant de réviser la Constitution pacifiste, dictée en 1947 par les États-Unis après la reddition du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale et dont l'article 9 consacre la renonciation "à jamais" à la guerre.
Enferré dans des scandales de favoritisme qui ont pesé sur sa cote de popularité, Shinzo Abe, 63 ans, a joué fin septembre la carte de la dissolution de la chambre basse, plus d'un an avant le scrutin prévu.
Face au vieillissement de la population japonaise, à la déflation qui mine l'économie depuis deux décennies et à une croissance poussive, Shinzo Abe vante sa politique de relance dite "Abenomics", faite de largesses budgétaires et d'une politique monétaire consistant à alimenter le marché en liquidités.
Son opposante Yuriko Koike lui a reproché de ne pas procéder à des réformes structurelles et a promis de geler un projet de hausse de la TVA. Elle s'est aussi démarquée de Shinzo Abe en plaidant pour une sortie progressive du nucléaire.
Avec AFP