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Le président indépendantiste de Catalogne, Carles Puigdemont, a demandé samedi une réunion du parlement catalan pour répondre à Madrid, qui a annoncé plus tôt dans la journée la suspension de l'autonomie de la région.

Catalogne : Madrid "se place hors de l'État de droit", dénonce Puigdemont

"Ce qu'ils sont en train de faire avec la Catalogne est une attaque directe contre la démocratie, qui ouvre la porte à d'autres abus du même type à n'importe quel endroit, et pas seulement en Catalogne." C'est avec ses mots que le président de Catalogne, Carles Puigdemont, s'est adressé samedi 21 octobre – en catalan, en castillan, puis en anglais – à ses supporters barcelonais, mais aussi à ceux, dans le reste de l'Espagne et dans toute l'Europe qui s'interrogent sur la suite que les indépendantistes catalans entendent donner à leur mouvement.

Le leader indépendantiste s'est livré à une dénonciation en règle de l'annonce selon laquelle le gouvernement espagnol pourrait prendre le contrôle du gouvernement catalan, estimant que Madrid se plaçait ainsi "hors de l'État de droit".

"Je demanderai au Parlement qu'il convoque une séance plénière" pour en débattre, a-t-il ajouté, en accusant les autorités madrilènes d'avoir mené une attaque contre les institutions de Catalogne "sans précédent depuis la dictature de Francisco Franco".

Pour l'avocat franco-espagnol Jean-Marc Sanchez, interrogé par France 24, la prise de parole de Carles Puigdemont n'a pas permis de dissiper les ambiguités de sa position : "Il n’a toujours pas déclaré l'indépendance, il n’a pas parlé d'élections anticipées, ou il a laissé entendre que ce serait eventuellement la seule carte qu'il aurait à jouer, c'est-à-dire prendre le gouvernement espagnol de vitesse".

Le gouvernement espagnol soutenu par le roi, les socialistes et les centristes

Catalogne : Madrid "se place hors de l'État de droit", dénonce Puigdemont

La "réponse" de Carles Puigdemont était très attendue après les annonces, quelques heures plus tôt, du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Celui-ci avait annoncé la dissolution du gouvernement régional et l'encadrement du parlement de Catalogne en vertu de l'article 155 de la Constitution, ainsi que la tenue, aussi vite que possible, d'élections régionales anticipées pour sortir de la crise qui menace l'unité de l'Espagne. Autant de mesures d'exception qu'il appartient au Sénat d'approuver ou non. Le vote est prévu vendredi 27 octobre à la chambre haute, où le Parti populaire de Rajoy détient la majorité absolue.

"C'est un jeu de ping-pong électoral prévu par la Constitution depuis 40 ans, mais qui n'avait jamais été appliqué jusque là", analyse Jean-Marc Sanchez.

Dans la foulée de ces annonces gouvernementales, plusieurs dizaines de milliers de séparatistes ont défilé samedi après-midi à Barcelone, à l'appel de l'Assemblée nationale catalane (ANC) et d'Omnium Cultural, deux organisations favorables à l'indépendance. Brandissant des drapeaux catalans, ils ont scandé "Liberté ! Liberté !", pour réclamer la libération de deux leaders de leurs mouvements, détenus pour sédition.

Après cette manifestation, la présidente du parlement catalan avait dénoncé un "coup d'État" et une "atteinte à la démocratie". "Le président du gouvernement Rajoy veut que le parlement de Catalogne cesse d'être une assemblée démocratique et nous ne le permettrons pas. C'est pourquoi nous voulons adresser un message de fermeté et d'espoir. Nous nous engageons aujourd'hui, après la plus grave atteinte aux institutions catalanes depuis leur restauration, à défendre la souveraineté du parlement catalan", a-t-elle déclaré lors d'une allocution télévisée.

Le chef du gouvernement espagnol a reçu vendredi soir le soutien clair du roi d'Espagne, Felipe VI, pour qui "la Catalogne est et restera une composante essentielle" de l'Espagne. Il bénéficie également de l'appui des socialistes du PSOE et des centristes de Ciudadanos, qu'il a remerciés lors de sa conférence de presse.

Avec AFP et Reuters