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La justice tunisienne a condamné en appel, mercredi, un Français et une Tunisienne à des peines de prison ferme pour "atteinte à la pudeur" dans le cadre de "l'affaire du bisou".

Prison ferme. Deux prévenus, un trentenaire français et une quadragénaire tunisienne, ont été condamnés en appel, mercredi 18 octobre en Tunisie, pour "atteinte à la pudeur". Ils avaient été arrêtés le 1er octobre par des policiers qui les accusaient de s'être enlacés dans une voiture.

Le couple, qui assure ne s'être même pas embrassé, a écopé de peines inférieures de quelques semaines à celles prononcées en première instance le 4 octobre, en dépit d'une importante mobilisation et médiatisation de cette affaire du "bisou".

Lui a été condamné à quatre mois de prison ferme pour "atteinte à la pudeur" et "outrage à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions", et elle à deux mois pour le seul premier chef d'inculpation.

"C'est une décision indépendante", a déclaré à l'AFP le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti, ajoutant "ce qui a été véhiculé au niveau national et international est faux, ils n'ont pas été arrêtés pour un baiser, le couple était nu".

Surveillance des mœurs

À l'audience de mercredi, à Tunis, la femme s'est effondrée en pleurs lorsque le président a lu devant une salle comble la déposition des policiers décrivant un acte sexuel en cours lors de l'interpellation la nuit du 1er octobre dans une banlieue huppée de Tunis. Elle assure que son ami l'avait simplement prise dans ses bras, lorsque des policiers en civil ont mené un contrôle et l'ont sorti de la voiture sans ménagement.

Le ressortissant français a confirmé aux juges avoir tenté de filmer les policiers pour dénoncer leur comportement agressif. Une dizaine d'avocats de la défense avaient réclamé un acquittement. La majorité plaidait bénévolement pour une affaire qui a déclenché une polémique en Tunisie sur la surveillance des mœurs et le retour des exactions policières.

Ils ont listé d'innombrables manquements à la procédure pénale, notamment des auditions menées avant le placement en garde à vue, et en arabe, alors que le Français, bien que d'origine algérienne, ne comprend pas cette langue. "C'est normal qu'il réagisse mal quand on bafoue ses droits fondamentaux", a souligné Me Ghazi Mrabet, dont le client est accusé d'avoir invectivé les policiers.

"Cette affaire concentre un peu tous les problèmes de la justice et de la police. Les abus de pouvoirs, [...] le non-respect du citoyen et de ses droits, les atteintes à la liberté individuelle", a estimé l'ancienne députée de la Constituante Nadia Chaabane, membre du comité de soutien aux deux condamnés.

"Le problème, c'est que l'on a des juges qui, aujourd'hui, eux-mêmes, acceptent toutes les entorses et les atteintes aux procédures," a-t-elle déploré avant le jugement.

Avec AFP

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