
Au menu de cette revue de presse française et internationale du 2 octobre, les réactions à la journée d’hier en Catalogne, où l’exécutif régional a maintenu le référendum jugé illégal par Madrid. Un vote qui s’est déroulé dans un climat de tension et de violences.
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Les violences qui ont marqué le référendum pour l'indépendance de la Catalogne, jugé illégal par Madrid, font la une de la presse catalane et nationale.
«Insurrection», titre le quotidien catalan El Periodico, qui dénonce la «répression intolérable» du gouvernement espagnol, tandis que ses confrères de Ara opposent la «honte» de Madrid, qui aurait donné la preuve de ses «pulsions autoritaires», à «la dignité» des Catalans, qui auraient réagi, eux, «avec civisme» aux «intimidations» du gouvernement de Mariano Rajoy. À la une de La Vanguardia, l’une des nombreuses scènes de violence qui ont émaillé la journée d’hier. On y voit un Catalan empêché par les policiers de la Guardia Civil de se rendre dans le même bureau de vote que le chef de l’exécutif régional, Carles Puidgemont, dont la décision de maintenir le référendum envers et contre tout, puis de proclamer l’indépendance de la Catalogne dans les jours qui viennent, est étrillée par la presse nationale. El Mundo affirme ainsi que «l’échec de ce référendum illégal résulte de la rébellion ouverte par les indépendantistes» et que l’État espagnol «n’a plus une minute à perdre» pour les contrer. «On se souviendra du 1er octobre 2017, non pas comme le jour où un référendum sur l'indépendance a eu lieu en Catalogne, mais comme ce jour honteux où l'irresponsabilité d'une Généralité occupée par des illuminés et l'inefficacité d'un État se sont combinés pour déboucher sur le chaos», s’indigne le journal. «Le gouvernement empêche par la force le référendum illégal», titre El Pais, qui assure que la Guardia Civil a été obligée d’empêcher les Catalans de voter, à cause de la «passivité» de la police catalane, los Mossos.
La presse conservatrice salue la «fermeté» du gouvernement espagnol. La Razon soutient que c’est «la trahison» de la police catalane qui a «obligé la Guardia Civil à agir» et qualifie le référendum d’hier de «coup» - un coup de force contre l’Espagne. ABC condamne «un référendum qui a échoué», laissant au passage toute la nation «blessée» et fait état de «la déception» des Espagnols, mécontents de voir les soutiens de (cette) «tentative de coup» «impunis».
Du côté de la presse régionale, enfin, les réactions sont très mélangées. Alors que le quotidien galicien La Voz de Galicia s’alarme de voir s’ouvrir un «abîme indépendantiste», le journal indépendantiste basque Gara salue la façon dont la Catalogne serait parvenue à «déborder» l’État espagnol.
Réactions très mélangées, également, du côté de la presse européenne. On commence en France. «Urnes confisquées, électeurs matraqués, tirs à balles en caoutchouc : Libération s’indigne du «coup de force» de Madrid, accusé d’avoir «durement réprimé» le vote sur l’indépendance et opposé «les matraques aux urnes». Une analyse semblable à celle de L’Humanité, qui juge que le chef du gouvernement Mariano Rajoy a «hypothéqué l’avenir» en faisant «le choix de la violence». Le Figaro estime de son côté que les violences «creusent le fossé entre Madrid et la Catalogne». La Croix enfin s’inquiète du «chaos» provoqué par le référendum catalan et fait part de son «impression de gâchis». «Les indépendantistes catalans ont marqué des points dans la bataille des images et des symboles qu’ils livrent aux autorités de Madrid [...] mais personne ne gagnera à une radicalisation de la tension dans cette dispute politique», prévient le journal, qui affirme que les dirigeants catalans et espagnols «courent tout droit vers un mur». «Le peuple catalan, poursuit La Croix, peut sans doute invoquer le droit à l’autodétermination. Mais, au vu de l’Histoire, rien ne l’y oblige et il ne subit aucune pression au sein d’une Espagne totalement démocratique, où les droits de l’Homme et tous les droits fondamentaux sont bien évidemment respectés. Il n’y a aucune urgence », conclut le journal, en appelant Madrid à «faire preuve d’imagination», peut-être en faisant évoluer le pays vers «un fédéralisme plus poussé».
En Belgique, Le Soir parle d’une «triste journée, pour la Catalogne, pour l’Espagne et pour l’Europe». Si «Madrid a tout perdu», «c’est aussi l’Europe qui est perdante», selon le quotidien belge, qui voit l’europhobe britannique Nigel Farage et le président russe Vladimir Poutine «se rengorger de satisfaction». «Elle est belle, la démocratie européenne telle que l’ont mise en scène les dirigeants espagnols et catalans et telle que n’ont pas voulu l’influencer, pas même la commenter, les dirigeants européens et l’UE». «Le silence européen, lâche car misant sur un référendum qui serait passé comme un pétard mouillé, n’est plus tenable», met en garde Le Soir.
En Allemagne, Der Tagesspiegel s’interroge sur la façon dont Madrid cherche à «préserver l’unité de l’Espagne par la force», tandis qu’au Royaume-Uni, The Guardian oppose les discours des leaders catalans et du gouvernement espagnol, les uns dénonçant «la brutalité de l’État», l’autre assurant que «la démocratie l’a emporté». The National, lui, a choisi son camp: «Jour de honte en Espagne», titre le quotidien écossais, qui dénonce le silence de Londres face aux violences imputées au gouvernement espagnol.
La journée d’hier a aussi beaucoup inspiré les dessinateurs de presse. Voyez la carte postale envoyée ce matin depuis Barcelone par Ben Jennnings pour The Guardian. À l’arrière-plan, on y voit la Sagrada Familia, éclipsée par les violences de la police au premier plan. Quant à Kroll pour Le Soir, il a résumé la journée d'hier au dessin d'une manifestante à terre. Elle déclare qu’elle n’était «pas sûre, jusque-là, que les Catalans devaient être indépendants», mais que maintenant, si. Cécile Betrand est une dessinatrice belge, elle aussi. Le référendum catalan, c’est selon elle «la cata», comme Catalogne, comme catastrophe.
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