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À Paris, l'enseigne "Au Nègre joyeux" bientôt décrochée

Le Conseil de Paris a voté pour l'enlèvement de l'enseigne de l'ex-chocolaterie parisienne "Au Nègre joyeux". Pour le groupe communiste, à l'origine de la proposition, cette façade est une "présence insultante et blessante" sur l'espace public.

L'enseigne "Au Nègre Joyeux", ultime vestige d'une ancienne chocolaterie parisienne et rappel des "crimes de l'esclavage", va bientôt quitter sa façade du 5e arrondissement pour entrer au musée, a décidé lundi le Conseil de Paris.

La peinture sur toile représentant un Noir debout, serviteur ou esclave, et une Blanche de la haute société, objet de polémiques récurrentes, va être enlevée du 14 de la rue Mouffetard pour être rénovée puis exposée au musée Carnavalet, musée de la Ville de Paris.

Le Conseil de Paris, très partagé, a voté cette décision proposée par le groupe communiste qui a dénoncé une "présence insultante et blessante" sur l'espace public, qui rappelle les "crimes de l'esclavage", selon l'élue du 20e Raphaëlle Primet. Le groupe demande également la création d'un musée de l'esclavage.

"Mauvaise décision"

Bruno Julliard, premier adjoint de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, a appelé à voter l'amendement communiste, de crainte d'une éventuelle "instrumentalisation" d'un rejet de la proposition. Mais "je pense qu'il faut faire le pari de l'intelligence de nos concitoyens et qu'il vaut mieux expliquer les traces de notre histoire", a-t-il précisé.

"Je ne pense pas que le meilleur travail pédagogique soit d'effacer ces traces et de les réserver à un musée", a-t-il ajouté en citant associations noires ou historiens eux-mêmes divisés sur le sujet. "C'est une mauvaise décision", a résumé l’adjoint, qui ne "désespère pas de revenir dans quelques mois devant le Conseil de Paris avec une proposition consensuelle".

La maire Les Républicains du 5e arrondissement Florence Berthout, rappelant que "l'esclavage fut une abomination", a estimé au contraire que ce type d'enseigne était un "marqueur de notre continuité historique et le marqueur d'une époque", en plaidant, comme les habitants, pour une plaque explicative apposée à proximité. Sandrine Mees pour les écologistes s'était également prononcée pour le maintien de l'enseigne, "pour ne pas cacher l'histoire mais au contraire pour se souvenir".

Avec AFP