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Dévastées par l'ouragan Irma, les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy craignent désormais les épidémies liées au manque d'eau et d'hygiène, renforcées par la difficile communication sur place.

Plus d'une semaine après le passage du cyclone de catégorie 5 Irma, l'heure est désormais aux précautions sanitaires pour éviter la propagation des maladies au sein des populations encore affaiblies et choquées des îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, dans les Antilles françaises.

"Oui il y a des risques d'épidémies", a reconnu la ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui a passé près d'une semaine sur place après l'ouragan. "Il y a une problématique existante sur la question de l'eau contaminée, la question des déchets, la question de l'hygiène tout simplement", a-t-elle souligné.

"On n'en est pas encore à un signal épidémique, loin de là", a nuancé la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Aujourd'hui, c'est plutôt un risque individuel, c'est-à-dire qu'il faut impérativement que les personnes qui habitent Saint Martin boivent de l'eau potable qui est distribuée en grande quantité", a-t-elle insisté. Elle avait évoqué mercredi, lors de son déplacement sur place avec le chef de l'État Emmanuel Macron, quelques cas d'enfants souffrant de diarrhées.

Selon le gouvernement, 150 000 bouteilles d'eau sont actuellement distribuées quotidiennement aux habitants.

"On distribue de l'eau potable sur tout le territoire, mais c'est toujours un peu compliqué, il y a des zones encore qui ne sont pas faciles d'accès, il y a des gens peut-être qu'on n'a pas encore réussi à contacter", a expliqué Annick Girardin.  L'électricité n'est pas partout rétablie et les télécommunications (réseaux téléphoniques, internet...) sont encore défaillantes par endroit.

À Saint-Martin, l'eau courante était toujours indisponible vendredi 15 septembre, mais certains habitants se servaient directement dans les réservoirs. L'usine de désalinisation destinée à cette île est arrivée vendredi après-midi à Pointe-à-Pitre. La dernière partie de son parcours sera effectuée par barge et elle devrait commencer à fonctionner avant le 25 septembre, estime la préfecture de Guadeloupe. La production d'eau a en revanche pu reprendre à Saint-Barth.

"Si on tombe malade il faudra aller en Guadeloupe"

L'urgence est aussi de nettoyer l'ile, où la population s'inquiète des déchets qui s'amoncellent et attirent les rats, faute de ramassages des ordures. "Il ne faut pas toucher les déchets", a rappelé la ministre de la Santé.

Et dans les quartiers plus populaires, où les enfants n'ont pas pu être évacués par leur famille, faute de moyens, la population craint aussi une prolifération de moustiques,  vecteurs de la dengue, du chikungunya ou du zika, là où les eaux stagnent encore après les inondations, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Si on tombe malade il faudra aller en Guadeloupe", estime Natacha, qui habite à Sandy Ground. "Mon fils a de la fièvre peut-être due à un moustique. Il va falloir nettoyer pour éviter qu'il y ait trop de moustiques, sinon il y aura des épidémies. Mais sans eau, c'est compliqué".

Dans certains quartiers, des opérations de démoustication, comme au moment de l'épidémie de zika, avaient commencé dès mercredi, comme dans le quartier de Concordia.

Avec AFP