À moins d'un an des élections de 2018, le leader de l'opposition cambodgienne a été arrêté tôt dimanche pour trahison. Le journal Cambodia Daily a de son côté annoncé avoir été contraint à la fermeture à cause du harcèlement du pouvoir.
À l’approche des élections de juillet 2018, le régime cambodgien cherche à faire place nette. Le gouvernement du Premier ministre Hun Sen a annoncé, dimanche 3 septembre, l’arrestation de Kem Sokha, le leader de l'opposition cambodgienne, accusé de trahison.
Sa détention provisoire va faire monter d'un cran la tension dans ce pays d'Asie du Sud-Est, d'autant plus que quelques heures plus tard l'un des derniers journaux indépendants du pays annonçait sa fermeture contrainte, due au harcèlement du pouvoir.
À 65 ans, Hun Sen, homme fort du Cambodge depuis 32 ans, est déterminé à rester au pouvoir. Et il poursuit son offensive pour briser la popularité croissante du principal parti d'opposition, le Cambodge National Rescue Party (CNRP), qui a réalisé une percée remarquée aux élections municipales de juin.
"Conspiration secrète" selon le pouvoir
Publié dans la nuit, le communiqué du gouvernement a évoqué une "conspiration secrète, entre Kem Sokha, son groupe, et des étrangers, faisant du tort au Cambodge".
"Derrière Kem Sokha, c'est toujours la même main, celle de l'Amérique", a martelé Hun Sen dimanche, parlant d'un complot pour "détruire le pays".
La fille de Kem Sokha a indiqué en fin de journée sur Twitter que son père était détenu au secret dans une prison à la frontière vietnamienne.
Âgé de 64 ans, il est le chef du principal parti d'opposition, dont l'autre dirigeant est actuellement en exil en France pour échapper à plusieurs condamnations.
L'interpellation a eu lieu quelques heures seulement après la publication sur Fresh News, site Internet pro-gouvernement, d'un article accusant Kem Sokha de discuter du renversement de Hun Sen avec le soutien des États-Unis.
Attaques contre la presse
Ex-combattant Khmer rouge et Premier ministre depuis 1985, Hun Sen est un habitué des déclarations fracassantes et des menaces. Il a récemment prévenu qu'il y aurait "la guerre civile" si son parti - le Parti du peuple cambodgien (CPP) - perdait le pouvoir aux prochaines élections.
Ces derniers mois, Hun Sen a également multiplié les attaques contre la presse et notamment le Cambodia Daily, qui s'est fait remarquer pour des enquêtes sur le népotisme du régime.
Après des mois de pressions, le titre a annoncé dimanche que l'édition de lundi serait la dernière car il ne peut pas régler les arriérés d'impôts de 6,3 millions de dollars que lui a soudain réclamé le pouvoir.
D'autres médias sont menacés par la vague de répression lancée par le Premier ministre.
Ces dernières années, le Cambodge est devenu l'une des économies les plus performantes d'Asie du Sud-Est. Mais la colère monte parmi la population et surtout les jeunes, lassés de la corruption et de l'accaparement des richesses par une élite proche d'Hun Sen.
Avec AFP