Au pouvoir depuis 1979, le président angolais José Eduardo dos Santos tire sa révérence, non sans avoir désigné son dauphin Joao Lourenço pour lui succéder, alors que les électeurs sont appelés mercredi à se prononcer.
Fin de règne en Angola. Plus de neuf millions d'électeurs vont se rendre aux urnes mercredi 23 août pour élire un successeur au président angolais José Eduardo dos Santos, âgé de 74 ans et au pouvoir depuis 38 ans.
Affaibli par la maladie, ce dernier s'apprête à prendre sa retraite après un règne autoritaire à la tête d'un pays qu’il laisse en pleine crise économique à cause de la chute du prix du pétrole.
Joao Lourenço, un général à la retraite sans grand charisme
Au pouvoir depuis l'indépendance arrachée en 1975 au Portugal, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) devrait l'emporter une nouvelle fois et placer son candidat, l'ex-ministre de la Défense Joao Lourenço, dans le siège laissé vacant par le "camarade numéro 1".
José Eduardo dos Santos a publiquement adoubé son successeur lors du dernier rassemblement de campagne de son parti, dont il conservera la présidence.
"Nous n'avons aucun doute (...) notre candidat sera le futur président de la République", a-t-il lancé samedi dernier d'un filet de voix fatigué à ses partisans, réunis dans une banlieue poussiéreuse de Luanda.
Apparatchik du MPLA, Joao Lourenço, 64 ans, un général à la retraite sans grand charisme, a promis de glisser ses pas dans ceux de son prédécesseur. "Comme le dit notre slogan, je vais améliorer ce qui va bien et corriger ce qui va mal", a-t-il déclaré à la presse. "Si j'y parviens, j'aimerais être reconnu dans l'histoire comme l'homme du miracle économique en Angola".
Une économie dans la tourmente
Sa tâche s'annonce délicate car le principal pays producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, avec le Nigeria, traverse une passe difficile. Au sortir d'une meurtrière guerre civile, l'Angola a affiché à partir de 2002 des taux de croissance à deux chiffres grâce à sa manne pétrolière. Mais il y a trois ans, la chute des cours de l'or noir l'a précipité dans la tourmente, creusant sa dette, faisant exploser l'inflation et dégringoler sa monnaie.
Ecartée des bénéfices du boom pétrolier, la majorité des 28 millions d'Angolais a subi le choc de plein fouet. Les deux principaux partis d'opposition, l'Unita et la Casa-CE, ont surfé tout au long de la campagne sur un ras-le-bol de plus en plus partagé dans le pays.
Ses adversaires reprochent à José Eduardo dos Santos d'avoir mis en coupe réglée des pans entiers de l'économie du pays, confiés à sa famille ou des proches. Sa milliardaire de fille Isabel, considérée comme la femme la plus riche d'Afrique, est ainsi devenue le symbole de cette "privatisation de l'État", selon le mot du journaliste d'opposition Rafael Marques de Morais. Son père en a fait l'an dernier la PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Les bureaux de vote seront ouverts mercredi dans tout le pays de 6 h à 17 h GMT, pour des résultats attendus d'ici à la fin de la semaine, alors que l’omnipotent MPLA est accusé par ses adversaires d’avoir organisé un scrutin à sa main, jugé inéquitable.
Avec AFP