
Les violences à Charlottesville ont ravivé les tensions autour des statues de soldats confédérés. À New York, le maire a décidé d'aller plus loin et a annoncé, mercredi, le retrait d'un autre "symbole de haine" : une plaque en l'honneur de Pétain.
Dans le quartier de Broadway, à New York, ils sont des milliers à la fouler du pied chaque jour sans y prêter vraiment attention. Au sol, juste quelques mots : "26 octobre 1931, Henri Philippe Pétain, maréchal de France". Mais les jours de cette plaque commémorative sont comptés.
La plaque en hommage à Philippe Pétain à New York
Petain's plaque in the "Canyon of Heroes" is only 2 blocks away from David Ben Gurion's. #nyc #petainplaque #jpost pic.twitter.com/hwA2KBSb0s
Danielle Ziri (@DanielleZiri) 5 mai 2017Quelques jours après les manifestations de suprémacistes blancs à Charlottesville, en Virginie, le maire de New York a décidé d’agir. Dans un premier tweet posté mercredi 16 août, Bill de Blasio a ainsi annoncé : "après les événements violents de Charlottesville, la ville de New York va étudier tous les symboles de haine présents sur son territoire", avant de préciser dans un second message : "la plaque commémorative en l’honneur du maréchal Pétain, collaborateur nazi, située sur la promenade du ‘Canyon of Heroes’, sera la première à être retirée".
The commemoration for Nazi collaborator Philippe Pétain in the Canyon of Heroes will be one of the first we remove. https://t.co/hAnGmkCdtg
Bill de Blasio (@NYCMayor) 16 août 2017Une plaque "inacceptable"
Cette promenade est le lieu traditionnel de parades célébrant sous les confettis des personnalités marquantes. En 1931, le maréchal Pétain, auréolé de ses succès lors de la Première Guerre mondiale, avait assisté à cet endroit-même à un défilé militaire. Une plaque en son honneur avait été posée à cette occasion. Neuf ans plus tard, le "sauveur de Verdun" choisira la voie de la collaboration en tant que responsable du régime de Vichy.
En mai dernier, le Jérusalem Post s’était déjà étonné de l’existence de cette plaque dans une rue de Broadway, rappelant que le maréchal avait participé à la déportation de milliers de juifs depuis la France. "L’idée qu’il soit présent sur le Canyon des Heroes est inacceptable", s’était ainsi indigné sur le site du quotidien le député new yorkais Dov Hikind. "Le fait qu’il ait été un héros durant la Première Guerre mondiale ne justifie pas qu’il ait son nom ici. Il est aujourd’hui honni en raison de sa participation à la Shoah".
Une vague de retraits de statues
A l'époque, la mairie de New York n’avait pas répondu à cet appel, contrairement à aujourd’hui. Bill de Blasio emboîte le mouvement à plusieurs villes américaines où de nombreuses statues historiques ont été retirées ces derniers jours, notamment dans le sud où il n'est pas rare de voir encore flotter des drapeaux confédérés, symbole des anciens États esclavagistes.
États-Unis : les violences de Charlottesville relancent la guerre des statues
Prenant le contre-pied de ce mouvement, le président Donald Trump a déploré le retrait de ces "belles statues". "Il est triste de voir l’histoire et la culture de notre pays être déchirées par le retrait de ces magnifiques statues et monuments. Vous ne pouvez pas changer l’histoire, mais vous pouvez apprendre d’elle".
Le tweet de Donald Trump sur le retrait des statues
Sad to see the history and culture of our great country being ripped apart with the removal of our beautiful statues and monuments. You.....
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 17 août 2017La controverse autour de ces monuments avait été ravivée en juin 2015, après le meurtre de neuf Noirs dans une église de Caroline du Sud par un suprémaciste blanc qui aimait poser avec un drapeau confédéré. Selon un récent rapport du Southern Poverty Law Center (SPLC), spécialisé dans les mouvements extrémistes et les droits civiques, plus de 1 500 symboles confédérés sont encore visibles dans l'espace public aux États-Unis, la plupart dans le sud.
En ce qui concerne la France, la dernière rue au nom du maréchal Pétain a été débaptisée en avril 2013. Elle se trouvait à Belrain, une ville de la Meuse.