
Les avions de la compagnie aérienne allemande Air Berlin continuent de voler malgré le lancement, mardi, d'une procédure d'insolvabilité. Lufthansa et Easyjet pourraient faire des offres de reprise.
Alors que son actionnaire principal, Etihad, lui a tourné le dos, Air Berlin, proche de la faillite, poursuite ses opérations. La compagnie aérienne qui a lancé mardi 15 août, au plus fort de la période estivale, une procédure d’insolvabilité a pris l’Allemagne par surprise, même si ses difficultés chroniques alimentaient depuis longtemps les spéculations sur l'avenir de l'entreprise berlinoise.
La compagnie, endettée à hauteur de plus d'un milliard d'euros, a essuyé une perte inédite en 2016 (782 millions d'euros) et a multiplié ces derniers mois les retards et annulations de vols.
Air Berlin a expliqué dans un communiqué avoir pris cette décision après avoir appris qu'Etihad, son actionnaire principal, renonçait à la "soutenir financièrement". La compagnie se veut toutefois rassurante, affirmant que "le gouvernement, Lufthansa et d'autres partenaires soutiennent Air Berlin dans ses efforts de restructuration".
Les avions continueront donc à voler. Les plans de vols et les billets d'Air Berlin et sa filiale Niki restent valables, ainsi que les achats de billets, a indiqué le PDG Thomas Winkelmann dans une vidéo tweetée par la compagnie.
Le PDG d'Air Berlin confirme que ses avions vont continuer de voler
CEO Thomas Winkelmann confirms:
All flights operated by airberlin & NIKI will continue as planned and our flight schedule remains valid! pic.twitter.com/gbR1vSqMg4
Trois mois de sursis grâce au gouvernement
Un sursis rendu possible par le gouvernement allemand qui a décidé d'octroyer à Air Berlin un prêt-relais de 150 millions d'euros. "Cela devrait être suffisant pour trois mois", a précisé la ministre allemande de l'Économie Brigitte Zypries, lors d'une conférence de presse.
Outre la Lufthansa, dont les négociations sont déjà bien avancées, Easyjet est aussi intéressée, selon une source proche du dossier, qui indique que la Britannique pourrait aussi reprendre une partie des activités d’Air Berlin. La compagnie aérienne a d’ailleurs gagné 3,2 % sur les marchés européens, mercredi.
Actionnaire à hauteur de 29,2 %, Etihad s'est visiblement lassé de devoir éponger les dettes d'Air Berlin. "En avril dernier, Etihad a fourni un financement supplémentaire de 250 millions d'euros à Air Berlin (...) Toutefois, l'activité d'Air Berlin s'est détériorée à un rythme jamais vu, l'empêchant de surmonter des défis importants et de mettre en oeuvre des solutions stratégiques alternatives", a expliqué dans un communiqué la compagnie basée à Abou Dhabi.
Air Berlin s'est donc vu contrainte de demander l'ouverture d'une procédure d'insolvabilité, sur laquelle devra statuer un tribunal, qui pourra nommer un administrateur judiciaire.
Ryanair contre-attaque
Mais en face, la concurrence ne compte pas rester les bras croisés. La compagnie à bas prix irlandaise Ryanair a dénoncé avec véhémence le soutien de Berlin à sa compagnie rivale et a annoncé, dans un communiqué, avoir déposé plainte devant la Commission européenne et l'office allemand des cartels "pour bloquer la reprise d'Air Berlin par Lufthansa".
Et de mettre en garde les consommateurs : "Les voyageurs en Allemagne devront subir des prix plus élevés en raison du monopole de Lufthansa".
Avec AFP