Seulement quelques heures après avoir condamné le KKK, les néonazis et les "violences racistes" survenues durant le week-end à Charlottesville, Donald Trump a multiplié les retweets ambigus et nébuleux sur son compte.
S’il aura fallu plus de trois jours au président américain pour dénoncer les actes du "KKK, des néonazis, des suprémacistes blancs et des autres groupes [répandant] la haine", après les violences survenues ce week-end à Charlottesville, en Virginie, il ne s’est pas fait prier pour continuer à relayer, comme bien souvent, des messages approximatifs, douteux ou, d’une toute autre manière, interprétés complètement à l’envers.
Lundi 14 août, quelques heures à peine après son allocution télévisée, Donald Trump a retweeté un post de Jack Posobiec, militant américain d’extrême droite, fervent soutien de Donald Trump, et connu en France pour avoir relayé, en mai dernier, des documents fuités de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, les fameux "Macronleaks". Le CV de Jack Posobiec ne s’arrête pas là : il est aussi un prolixe créateur de fake news, à l’origine, entre autres, du scandale du "Pizzagate" ou encore du faux slogan anti-Trump "Rape Melania".
Dans ce tweet posté dans l'après-midi de lundi, Jack Posobiec évoque "39 fusillades" qui, au même moment que les événements de Charlottesville, auraient fait "9 morts" à Chicago. "Pas d’outrage des médias nationaux. Pourquoi ?", s’interroge le militant qui se réclame du mouvement "New Right", et non de l'alt-right, bien que la nuance ne soit pas bien évidente.
Meanwhile: 39 shootings in Chicago this weekend, 9 deaths. No national media outrage. Why is that? https://t.co/9Crutnnrp8
— Jack Posobiec (@JackPosobiec) 14 août 2017
Très rapidement, le retweet de Donald Trump est perçu par de nombreux internautes comme un "clin d’œil" complice à l’alt-right, pointée du doigt dans les heures précédentes. Mais aussi, et surtout, comme une manière de déporter à nouveau l’attention sur des affaires de violence au sein de la communauté afro-américaine.
Donald Trump just retweeted an alt-right conspiracy theorist after someone was killed at a white supremacist rally pic.twitter.com/eC3jLDtH5v
— Keith Wagstaff (@Kwagstaff) 15 août 2017
His way of signaling the alt-right that he's still their guy.
— The Resistance (@ResistanceAgent) 15 août 2017
We understand "Chicago" is coded language to stereotype black people. It didn't take long for your true colors to show again.
— Bishop Talbert Swan (@TalbertSwan) 15 août 2017
Tôt ce mardi, le président n’a sans doute même pas attendu d’avoir avalé son café pour empoigner son smartphone : peu avant 7 heures, il a relayé, toujours sur Twitter, un article de Foxnews évoquant la possible grâce du shérif Joe Arpaio, récemment condamné pour avoir violé l'injonction d'un juge lui interdisant ses patrouilles ciblant systématiquement les immigrés sans papiers, accessoirement auto-baptisé "le shérif le plus dur d’Amérique". Mais après tout, jusqu’ici, on ne peut que déplorer que le président ait repris ses bonnes vieilles habitudes.
"He's a facist, so not unusual"
C’est surtout le retweet d’un commentaire d’un utilisateur, posté sous le dit article de Foxnews, qui a fini par plonger les internautes dans la confusion la plus totale. "He's a facist, so not unusual", répond un dénommé Mike Holden à la suite de l’article, sans préciser s’il qualifie Joe Arpaio ou Donald Trump lui-même de "faciste" (même si l’on devine s’agit d’Arpaio).
Confusion ? Erreur de manipulation ? Quelle que soit l’explication du partage de ce tweet, le président américain a rapidement fait marche arrière. Suscitant au passage les blagues des internautes, et de l’auteur du commentaire y compris.
Which is it?
A. Trump saw "fascist" as a compliment
B. He didn't know what it meant
C. He accidentally RT'd it
— Michael Calia (@Michael_Calia) 15 août 2017
Big day in US. Trump admits he's a Fascist. pic.twitter.com/Uxi9iigICS
— Paula M (@paulam3139) 15 août 2017
I'm announcing my retirement from Twitter. I'll never top this RT. pic.twitter.com/HuGHkiPoyR
— Mike Holden (@MikeHolden42) 15 août 2017
Mais la "matinée d’égarement" ne s’achève pas là : dans la foulée de ce mystérieux retweet, Donald Trump a également relayé un même anti-CNN – une image qui n’est pas la première du genre – montrant, sous forme de cartoon, un train estampillé du nom de Trump faucher un journaliste de la chaîne d’information. Tout cela quelques heures seulement après le décès de Heather Heyer, militante anti-faciste de 32 ans mortellement percutée par la voiture d’un néo-nazi. Tout cela quelques heures à peine après avoir fini par accepter de condamner "la haine" devant des millions d’Américains. Une nouvelle fois, il a annulé son retweet. Dans le chaos et, visiblement, dans la bonne humeur.
Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.