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Avec Neymar, le PSG a intérêt à (être) assurer

Neymar est un risque financier inédit pour le PSG, qui a jeté son dévolu sur le joueur. Une fois le contrat signé, il devra se prémunir contre toute défaillance du buteur. À 222 millions d'euros, l'assurance est un vrai casse-tête.

Neymar, une star et une bombe à retardement financière potentielle. Alors que la signature au PSG du joueur brésilien en provenance du FC Barcelone est imminente, le club parisien a intérêt à assurer financièrement ses arrières.

À quoi bon dépenser un montant record de 222 millions d’euros (même indirectement, selon les montages financiers retenus) pour s’offrir les services du buteur, si ce dernier venait à ne plus pouvoir jouer à cause d’une blessure, ou pire d’un décès. Les problématiques d’assurance sont méconnues mais courantes dans le foot contemporain, tant les joueurs valent cher. Un coût qui peut faire basculer le destin d'un club.

Assureurs et réassureurs

Avec Neymar, le PSG entre dans une division à part. Les questions d’assurance risquent rapidement de virer au casse-tête. La règle pour le club est de s’assurer au niveau du montant de l’investissement initial contre "tous les accidents de santé, dans la vie professionnelle et personnelle, partout dans le monde et dans n’importe quel cadre sportif (que Neymar se blesse en jouant pour le PSG ou pour le Brésil)", explique Didier Loiseau, économiste du sport et spécialiste des questions d’assurance de joueurs de football professionnel, contacté par France 24.

Le club de la capitale va donc devoir trouver des assureurs prêts à prendre le risque de devoir rembourser 222 millions d’euros au PSG pour un seul joueur. Du jamais- vu. Pour un tel montant, il faudra faire appel à plusieurs assureurs à la fois et à des réassureurs, qui garantiront le PSG contre le risque de défaillances d’un ou plusieurs assureurs principaux.

Les Parisiens devront probablement aussi traverser la Manche pour trouver leur bonheur sur le marché des Lloyd’s, la Mecque européenne de l’assurance. "Neymar ne sera certainement pas uniquement couvert par des sociétés françaises, plus frileuses", assure Didier Loiseau.

Crash d'avion

Ce volet méconnu d’un transfert peut prendre du temps. "Je pense que le PSG va rapidement réussir à garantir de quoi couvrir 100 millions d’euros, et ensuite envoyer des courtiers trouver le reste”, explique l’expert français. Dans le cas de l’arrivée de Paul Pogba à Manchester United, en août 2016, le club mancunien s’était retrouvé plusieurs mois avec une partie du montant du transfert non couverte.

Heureusement pour le PSG, le marché de l’assurance est actuellement en pleine forme. Les investisseurs sont attirés par ce secteur car "les rendements y sont meilleurs que pour les placements bancaires où les taux d’intérêt sont très bas", souligne Didier Loiseau.

Assurer Neymar n’est donc pas mission impossible. Le vrai défi, d’après l’économiste, va être pour le PSG de renégocier la police d’assurance collective pour y intégrer la valeur du joueur brésilien. La plupart des clubs sont couverts pour le cas où l’intégralité des joueurs venait à disparaître. Le risque est certes minime mais existe : en novembre 2016, la quasi-totalité de l’équipe du club brésilien de Chapecoense décédait lors d’un crash d’avion.

Les assureurs sont généralement d’accord pour couvrir ce genre de tragédie jusqu’à un certain montant. Dans le cas du PSG, le contrat s’élève déjà à plusieurs centaines de millions d’euros (plusieurs joueurs valent déjà aux alentours de 100 millions d’euros). Les responsables parisiens vont, d’après Didier Loiseau, avoir du mal à convaincre les compagnies d’assurance d’ajouter encore 222 millions d’euros à la cagnotte. "Dans le contexte actuel de menace terroriste, le risque d’attentats contre des avions, surtout lorsqu’ils transportent des cibles aussi prestigieuses que des stars du foot, est pris très au sérieux", souligne ce spécialiste.