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Des signes de la maladie d'Alzheimer ont été trouvés dans le cerveau de vieux chimpanzés

Mais rassurez-vous, amoureux des grands singes, aucun symptôme de démence n'a pour l'instant été décelé chez les animaux.

Si l'homme descend du singe, dès lors, rien d'étonnant à retrouver chez l'un des symptômes et maladies déjà présents chez l'autre.

C'est cette évidence – et l'hypothèse que la recherche chez le singe peut aider à mieux comprendre des phénomènes scientifiques chez l'homme – qui pousse de nombreux chercheurs à analyser le cerveau des grands singes. Ainsi une équipe de scientifiques américains, menés par Melissa Edler de la Northeast Ohio Medical University, ont étudié 20 cerveaux de vieux chimpanzés, âgés de 37 à 62 ans. Ils ont notamment analysé le neocortex et l'hippocampe, deux régions du cerveau qui sont fortement affectées par la maladie d'Alzheimer chez l'homme, comme le rapporte l'étude publiée dans le nouveau numéro du magazine News Scientist, disponible le 5 août.

L'apparition de symptômes liés à la maladie d'Alzheimer

Sur 12 de ces cerveaux, les chercheurs ont retrouvé des plaques amyloïdes. Ce phénomène est causé par la présence d'une protéine, la peptide bêta-amyloïde, qui s'accumule dans le cerveau et forme des "plaques" collantes entre les neurones. Ces mêmes plaques provoquent alors un changement chez une autre protéine, appelée tau, qui s'agrège et forme des noeuds. Ensemble, ces plaques et ces enchevêtrements favorisent la dégénérescence cérébrale qui cause la démence chez les personnes atteintes d'Alzheimer.

"Nos échantillons ont été collectés sans aucune donnée cognitive rigoureuse ou pertinente"

La maladie d'Alzheimer est difficile à étudier car à part l'homme, les autres espèces ne développent habituellement pas ces plaques amyloïdes. Le fait d'en trouver chez le chimpanzé pourrait donc permettre une avancée notable de la recherche.

Mais les scientifiques n'ont pu faire de lien entre la présence des plaques amyloïdes, présentes en plus grosse quantité chez les sujets les plus âgés, et des cas de démence. "Nos échantillons ont été collectés sur des dizaines d'années, mais sans aucune donnée cognitive rigoureuse ou pertinente pour les accompagner", explique à New Scientist Mary Ann Raghanti, de la Kent State University. "On ne peut donc pas dire si les chimpanzés avaient subi des pertes cognitives dévastatrices ou non. Nous pouvons le supposer, mais je reste prudente car nous n'en avons pas été témoins."

Une causalité incertaine entre les plaques et la démence

Ces résultats renforcent cependant une autre théorie scientifique, selon laquelle les plaques amyloïdes seraient une conséquence indirecte de la maladie d'Alzheimer et non une cause directe. C'est l'hypothèse soulevée par Gary Kennedy, directeur de la division gériatrique et psychatrique de l'Albert Einstein College of Medicine de New York, interrogé par New Scientist. "Que les grands singes présentent cette pathologie [de plaques] mais pas le déclin cognitif précipité lié à la démence renforce cette hypothèse", explique-t-il.

Cela signifierait alors que les humains possèdent un caractère unique nous prédisposant au déclin cérébral que nous connaissons dans la maladie d'Alzheimer. "Si nous pouvons identifier la différence entre le cerveau humain et le cerveau du chimpanzé, nous pourrons peut-être trouver l'élément intermédiaire qui provoque la dégénérescence", poursuit Gary Kennedy. "C'est un objectif possible pour trouver un traitement médical."

Et comme l'homme est descendu du singe, le médicament de l'homme viendra peut-être du singe aussi.

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