Deux candidats ont été retenus par la commission électorale pour se lancer dans la course à la présidentielle rwandaise face au président sortant, Paul Kagame. L'issue du scrutin laisse tout de même peu de place au suspense.
Paul Kagame sera face à deux candidats d'opposition lors de l'élection présidentielle, le 4 août. Le président de la Commission électorale rwandaise (NEC), Kalisa Mbanda, a annoncé vendredi 8 juillet dans un communiqué la validation des candidatures de Frank Habineza, Philippe Mpayimana et Paul Kagame et le rejet de celles de trois indépendants.
Habineza et Mpayimana
Frank Habineza, transfuge du parti au pouvoir (FPR), est le président du Parti démocratique vert (PDV), petite formation d'opposition, la seule autorisée à être active. Le PDV avait été l'unique parti homologué du pays à s'opposer à la réforme controversée de la Constitution, finalement adoptée en décembre 2015, permettant à Paul Kagame de se présenter pour un troisième mandat et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.
Philippe Mpayimana, 46 ans, journaliste, est un quasi-inconnu au Rwanda, qu'il a quitté en 1994 pour la RD Congo en même temps que des centaines de milliers de Hutu fuyant l'avancée du Front patriotique rwandais (FPR), qui allait mettre fin au génocide des Tutsi et prendre le pouvoir. Philippe Mpayimana a vécu au Congo Brazzaville et au Cameroun avant de s'installer en France en 2003. Il est rentré d'exil en février.
Les candidatures de Gilbert Mwenedata, candidat malheureux aux législatives de 2013, de Fred Barafinda Skikubo, un inconnu, et de Diane Rwigara n'ont pas été retenues. Diane Rwigara est la fille d'un important entrepreneur rwandais, ancien financier du FPR décédé en 2015 dans des circonstances controversées. Depuis le décès de son père, elle a pris ses distances avec le FPR et dénonce l'absence de liberté d'expression et les "crimes" non élucidés.
Ces candidats n'ont pas réussi à récolter le nombre requis de 600 parrainages de citoyens.
Une élection sans surprise
L'issue de cette élection laisse toutefois peu de place au suspense et une large réélection le 4 août du président sortant est attendue. Paul Kagame est l'homme fort du pays depuis juillet 1994 : à l'époque, sa rébellion du FPR avait chassé de Kigali les extrémistes hutu et mis fin au génocide qu'ils avaient déclenché.
Tout d'abord vice-président et ministre de la défense après 1994, il est élu président en 2003 et réélu en 2010, avec plus de 90 % des voix à chaque fois. Si la Constitution rwandaise consacre le multipartisme, il n'existe pratiquement pas d'opposition dans le pays, le FPR contrôlant d'une main de fer les sphères politique, sociale et économique.
Avec AFP