
Le président américain aurait fourni aux Russes un renseignement sensible recueilli par des cyber-espions israéliens infiltrés dans une cellule de militants de l'organisation État islamique, selon une enquête du New York Times parue le 12 juin.
Donald Trump n’a pas partagé le premier secret ultra-sensible venu avec les Russes. Le président américain a divulgué, lors d’une rencontre controversée à la Maison Blanche en mai 2017 avec le ministre des Affaires étrangères russe, l’une des informations les plus importantes qu’une équipe de cyberespions israéliens a pu obtenir en infiltrant une cellule du groupe terroriste État islamique (EI), d’après une enquête du New York Times (NYT), publiée lundi 12 juin.
Les hackers de l’État hébreu auraient réussi à découvrir les plans de l’EI pour dissimuler des engins explosifs en les faisant passer pour des batteries d’ordinateurs portables qui passeraient inaperçues lors des contrôles dans les aéroports. Une information que les services de renseignement israéliens ont partagé avec leurs homologues américains, leur précisant même le mécanisme de détonation, rapporte le journal. C'est cette information qui a incité Washington à interdire l’utilisation d’ordinateurs à bord d’avion en provenance de huit États musulmans. C’est aussi cet élément que le président américain a partagé avec le ministre russe des Affaires étrangère, Sergueï Lavrov, et l’ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak, toujours selon le NYT.
L’origine israélienne du secret éventé avait déjà été évoquée par différents médias américains à la mi-mai. Mais, il avait alors été question de renseignements obtenus par des agents sur le terrain et non pas grâce à une opération de cyberespionnage.
Un des rares succès
La nuance est de taille. Il y a un an, les États-Unis avait fait de la guerre électronique son nouveau champ de bataille prioritaire contre l’EI, en s’appuyant sur leurs alliés dans la région, dont Israël. Cette opération n’a pas eu les résultats escomptés : “Il y a une certaine déception quant à notre capacité à infliger un coup sérieux à l’EI dans le cyberespace”, a reconnu Joshua Geltzer, ancien directeur du contre-terrorisme au Conseil pour la sécurité national, interrogé par le New York Times.
L’opération israélienne était, à cet égard, l’un des rares succès indéniables. Les informations ainsi glanées n’en avaient que plus de valeur car elles provenaient d’un groupe qui avait réussi à infiltrer le camp ennemi. Mais la décision de Donald Trump d’en faire état devant des représentants de Moscou risque d’avoir mis à mal les activités de ces cyberespions. L’État hébreu craint, en effet, que toute information de cette nature transmise à Moscou se retrouve, in fine, entre les mains des Iraniens, rappelle le quotidien israélien Haaretz. Tel-Aviv et Téhéran n’étant pas les meilleurs amis du monde, l’idée de savoir que l’Iran puisse connaître les détails d’une opération est susceptible de la compromettre.
Le journal rappelle que ce risque a rendu les services de renseignement israéliens moins prompts à partager leurs informations avec les États-Unis depuis l’investiture de Donald Trump. La supposée proximité entre le président américain et la Russie leur pose un problème de sécurité nationale, même si l’ambassadeur israélien à Washington, Ron Dermer, a réaffirmé en mai “la confiance totale d’Israël dans [le] programme d’échange de renseignement avec les États-Unis”.
Le président américain a, de son côté, affirmé n’avoir “jamais évoqué le nom d’Israël dans une conversation”. Mais comme le souligne le Huffington Post, les Russes n’ont pas dû avoir de mal à faire le lien : ils disposent du contenu de l’information, du lieu d’où elle provient (Syrie) et de la méthode utilisée, c’est-à-dire le recours au piratage informatique, qui est l’une des spécialités d’Israël.