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Législatives au Kosovo : fragile avantage pour la vieille garde des "guérilleros"

La "coalition des guerriers", réunie derrière le parti du président Hashim Thaçi, a remporté dimanche un peu moins d'un tiers des voix aux législatives. Pas de quoi s'assurer une majorité solide face aux partis appelant au "changement".

Les législatives de dimanche 11 juin augurent d'une période d'incertitude au Kosovo, où la vieille garde des "guérilleros" finit en tête mais sans s'assurer une majorité solide face aux partis appelant au "changement".

La "coalition des guerriers", réunie derrière le Parti démocratique du Kosovo (PDK) du président Hashim Thaçi, remporte un peu moins d'un tiers des voix (33,1 %), selon un décompte de la commission électorale, après le dépouillement des deux tiers des suffrages. Les deux autres principaux partis, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK, centre droit) et Vetëvendosje (Gauche nationaliste) suivent dans un mouchoir de poche, avec respectivement 24,9 % et 24,08 %.

"Le Kosovo a donné la victoire à notre coalition", s'est réjoui dans son discours le chef de la "coalition des guerriers", Ramush Haradinaj. De son côté, le chef de Vetëvendosje, Albin Kurti a déclaré : "C'est une immense victoire. Il y en a d'autres devant nous".

Délicates tractations en vue

La répartition des sièges ne devrait être annoncée que dans la semaine. Il est loin d'être acquis que Ramush Haradinaj atteigne les 51 sièges (120) qui, avec l'appui des dix élus des minorités non serbes (roms, bosniaques, turcs,...), lui permettraient de former un gouvernement. Les 100 000 à 150 000 Serbes désignent aussi dix députés.

Ces résultats promettent de délicates tractations qui pourraient accoucher d'une majorité fragile au moment où le Kosovo est confronté à d'importants défis : situation économique catastrophique, relations au plus bas avec la Serbie, qui refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province albanaise.

Il faudra aussi gérer la possible inculpation de hauts responsables par les nouvelles cours spéciales chargées des crimes de guerre commis par l'Armée de libération du Kosovo (UCK). Parmi les noms régulièrement cités, figure celui du président Thaçi, aux affaires depuis 2006.

Le dialogue avec la Serbie en jeu

Le PDK et ses alliés pourraient se trouver à la merci d'un accord entre la LDK et Vetëvendosje. Mais ces deux partis ne semblent guère partager que leur rejet des "guerriers", et ont des positions divergentes sur le dialogue avec la Serbie. Candidat de la LDK, Avdullah Hoti, entend le poursuivre, tandis qu'Albin Kurti s'oppose à l'accord de normalisation conclu en 2013 avec Belgrade. Sur ce point, il semble plus proche de l'ancien rebelle Ramush Haradinaj, alias "Rambo", considéré comme un criminel de guerre par la Serbie qu'il dépeint comme une "ennemie".

Parti prônant l'action de rue, avec des députés qui jetaient du gaz lacrymogène au Parlement pour s'opposer à une loi qui leur déplaisait, Vetëvendosje double son score de 2014. Son discours alliant thématiques économiques de gauche, combat contre la corruption et rhétorique nationaliste, semble avoir répondu au ras-le-bol d'une partie de l'électorat de ce pays de 1,8 million d'habitants, qui compte un chômage flirtant officiellement avec les 30 %.

Retraité de 66 ans, Ekrem Haziri espère que ce scrutin "ouvrira un nouveau chapitre" : "Il est temps d'arrêter le détournement de l'argent des contribuables." Thème traditionnel de Vetëvendosje, Avdullah Hoti a également promis "une guerre sans compromis à la corruption", un fléau.

Avec AFP