C’est le moment de ressortir son costume de Zorro – pour ceux qui ont la chance d’en avoir un – et de fendre l’air avec son plus beau sabre – pour ceux qui ont la chance d’en avoir un. Le Canada s’apprête à dépénaliser le duel, cette coutume moyenâgeuse qui a coûté la vie à des milliers d’hommes (et quelques femmes) depuis plus de cinq siècles, rapporte Atlas Obscura. 

Jusqu’ici, la section 71 du code pénal du Canada interdisait de "mettre au défi ou essayer par n’importe quel moyen de provoquer une autre personne dans un combat dans un duel, provoquer une personne pour qu’elle mette au défi quelqu’un à combattre en duel, ou accepter un combat dans un duel". La semaine dernière, le gouvernement canadien a annoncé qu’il souhaitait mettre à jour le code, et retirer entièrement la section en question.

En clair, tous les Canadiens pourraient s’amuser à se défier en duel, même si les conséquences du duel (blessure, décès etc.) resteraient, bien entendu, répréhensibles. Objectif, "rendre la loi plus pertinente dans notre société moderne" : eh oui, le dernier duel mortel canadien remonte à 1833, faisant tomber Robert Lyon sous les balles de John Wilson. Une pratique vieillotte, mais illégale dans la plupart des pays dans le monde, sauf, sauf… en France.

Le duel, cette passion française

C'est bien connu, en termes de législation, la France fait tout plutôt tard – droit de vote des femmes, abolition de la peine de mort, tout ça. Ou jamais : dans le droit français, rien qui ne fasse état de l’illégalité du duel.

Il faut dire que la pratique codifiée qui consiste à défier son adversaire à l’épée ou au pistolet pour défendre son honneur a eu le vent en poupe pendant des siècles en France. Le dernier duel français remonte à 1967 – oui, oui, les Beatles étaient encore ensemble – et a vu s’affronter deux hommes politiques dans le parc d’un hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine. Le gaulliste René Ribière avait mis au défi le maire de Marseille, Gaston Defferre, après s’être fait traiter d’"abruti" à l’Assemblée nationale par le second. Plus de peur que de mal : quelques égratinures au compteur et en prime, la colère du général de Gaulle, furieux de voir deux députés se prêter à la pratique. 

Louis XIII avait pourtant bien essayé d’abolir la pratique dès 1626 en promulguant une loi punissant de mort les participants à un duel – enfin du coup, le survivant ? –, mais la Révolution a pris le soin de détricoter la mesure au plus vite. En 1791, les lois monarchistes qui punissent les duellistes sont supprimées du code pénal, et ne réapparaîtront pas non plus dans celui de 1810.  

Bref, pas besoin d’aller au Canada pour assouvir ses pulsions de duel : c’est toujours légal de se défier en France. Mais si quelqu'un vous a embêté, on vous recommande plutôt de discuter tranquillement autour d’une bière.

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