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Ces conseillers sur qui repose la réforme du droit du travail d'Emmanuel Macron

Trois conseillers du gouvernement Philippe, inconnus du grand public, vont avoir un rôle primordial dans les négociations avec les syndicats pour la réforme du droit du travail, le premier chantier du président Emmanuel Macron. Présentations.

Un homme pour rassurer un peu la gauche, un autre issu du Medef et un troisième spécialiste reconnu du droit du travail. Pierre-André Imbert, Antoine Foucher et Franck Morel sont les trois mousquetaires du président Macron pour négocier avec les syndicats le projet de réforme du code du travail, à partir de mardi 23 mai.

Ni vraiment de gauche ni vraiment de droite, les trois hommes à la manœuvre sur ce dossier capital cumulent expertise politique et expérience du secteur privé. Un attelage de conseillers à l’image du gouvernement d’Emmanuel Macron et de son Premier ministre Édouard Philippe.

Pierre-André Imbert. Emmanuel Macron a transformé cet ex-directeur de cabinet de l’ancienne ministre du Travail Myriam El Khomri en son nouveau Monsieur “social”. À première vue, Pierre-André Imbert est le plus “syndicalo-compatible” des trois principaux négociateurs du gouvernement. Dans les années 1990, cet économiste de formation a cosigné un livre avec un autre économiste aujourd’hui proche de Jean-Luc Mélenchon, Liem Hoang-Ngoc (“Pour sortir de la pensée unique”). Il a ensuite été conseiller d’Henri Emmanuelli, une des figures historiques de l’aile gauche du parti socialiste.

Mais Pierre-André Imbert a évolué. Il a passé des années au sein d’un cabinet de conseil aux entreprises appartenant à Raymond Soubie, qui a longtemps incarné la conscience sociale, mais de droite.

Enfin, il souffre d’une tare qui le disqualifie aux yeux de la gauche de la gauche. Il est considéré comme le véritable auteur de la loi El Khomri sur le travail. Ce quadragénaire aurait été imposé à l’ex-ministre du Travail par Manuel Valls, alors Premier ministre, et Emmanuel Macron, patron de Bercy à l’époque, pour s’assurer que le texte respecte la ligne pro-entreprises voulue par Matignon. Ce qui n’est pas pour rassurer les syndicats.

Antoine Foucher. Le nouveau directeur du cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, est au patronat ce que Pierre-André Imbert est aux syndicats. A priori, Antoine Foucher a tout pour plaire aux chefs d’entreprise… a priori seulement.

Ce trentenaire est un ancien du Medef et de Schneider Electric. Il a aussi été l’un des conseillers de Xavier Bertrand lorsque ce dernier était ministre du Travail. La double étiquette ami du patronat et proche de la droite lui colle donc à la peau.

Pourtant, les syndicats ne le considèrent pas comme l’ennemi à abattre. “On sait qu’on va avoir des désaccords mais au moins on part sur une base de respect”, a confié un responsable syndical au site de droite libérale L’Opinion. Antoine Foucher a, en effet, la réputation d’être un fervent partisan du dialogue social.

Au sein du Medef, il faisait partie du camp des “réformistes”, par opposition à la ligne dure défendue par le patron des patrons Pierre Gattaz. Il a même quitté l’organisation à cause d’un désaccord avec la hiérarchie, après l’échec des négociations sur l’assurance-chômage. Antoine Foucher avait alors condamné l’intransigeance de la direction du Medef face aux syndicats.

Franck Morel. Il est l’expert parmi les experts. Le nouveau conseiller en charge de la réforme du Code du travail à Matignon est un spécialiste du droit du travail réputé et respecté… surtout à droite. Franck Morel a, comme Antoine Foucher, travaillé sous les ordres de l’ancien ministre du Travail Xavier Bertrand et a participé à la rédaction d’une partie du programme d’Alain Juppé pour les primaires de la droite.

Au fil de nombreuses tribunes dans la presse et d’un livre, il a défendu la nécessité d’alléger le code du travail qu’il juge “obèse”. Mais il se présente aussi comme un partisan du consensus avec les syndicats et a plaidé, dans Le Monde, pour la prise en compte de leurs revendications, lors des négociations à venir.

Comme pour "Les trois mousquetaires" d’Alexandre Dumas, il y a aussi un quatrième homme dans l’équipe des experts d’Emmanuel Macron. Thomas Fatome, le directeur adjoint du cabinet d’Édouard Philippe, agira davantage en coulisses. Ce haut-fonctionnaire pur jus - passé par HEC, l’ENA et l’Inspection générale des Affaires sociales - est lui aussi plutôt marqué à droite puisqu’il a travaillé, successivement, pour Philippe Douste-Blazy, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand. Il a même été conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de santé et de politiques sociales.

C’est donc un savant mélange d’hommes qui peuvent plaire à droite comme à gauche pour mener à bien une réforme, qui risque d’être tout, sauf consensuelle.