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"Marine Le Pen, il faut vous faire un dessin ?"

Au menu de cette revue de presse française du mercredi 3 mai : les spéculations autour du débat qui va opposer, ce soir, les deux finalistes de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, mais aussi la mobilisation médiatique contre la candidate du Front national et les états d’âme des abstentionnistes.

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À la une de la presse française, le débat qui opposera ce soir les deux finalistes de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Il s'agit d'un débat «historique», un duel «inédit et à haut risque», annonce Le Parisien, qui explique que c’est la première fois que deux candidats, qui ne sont pas issus des partis dits «traditionnels», vont s’affronter dans un débat présidentiel d’entre-deux tours. Deux «novices de l’exercice» dont le journal connaît déjà, semble-t-il, la stratégie : «Macron veut démasquer» Marine Le Pen et celle-ci «veut le faire craquer». Le Parisien a recueilli pour l’occasion quelques confidences, dont certaines ne manquent pas de sel. «On ne fait pas de jeux de rôle, il n’y a pas quelqu’un qui met une perruque blonde», aurait-on expliqué chez le candidat d’En Marche!. Le gratuit 20 minutes, pour sa part, a eu l’idée de recueillir les «recettes» des personnalités qui ont déjà affronté Marine Le Pen ou Emmanuel Macron sur les plateaux télé, leurs conseils aux candidats «pour éviter les pièges». Témoignage du député du Cher Yves Galut, sur Marine Le Pen: «C’est quelqu’un de très physique, comme dans un combat de boxe, elle avance sur vous, elle ne vous lâche pas du regard. Face à quelqu’un qui vous agresse, il faut opposer le calme. Il faut aussi l’amener à du concret, car elle n’est jamais précise». Quant à Emmanuel Macron, le vice-président du FN, Florian Philippot, le décrit en «roi du vide», mais «diable de la com’». Son conseil: «Éviter de se laisser prendre dans son tunnel de phrases creuses de deux minutes, sans rien de concret».
Très attendue, et sans doute très suivie, la confrontation de ce soir devrait toutefois peu influer le résultat final. Libération s’amuse de ce que si personne «n’a pour l’instant conclu à l’impact décisif de ce rituel télévisuel sur le comportement électoral», cela n’empêche pas les équipes des candidats de déployer une énergie «presque obsessionnelle pour en fignoler les détails». «Ces débats confortent les gens dans leur conviction plus qu’ils ne la bouleversent», assure le président d’un institut de sondages, en évoquant le double défi qui attend Emmanuel Macron: «Essayer de convaincre à la fois les abstentionnistes d’aller voter mais aussi ses électeurs qu’il fera un bon président». Sa stratégie, en tout cas, laisse L’Obs dubitatif. Alors que sa rivale, Marine Le Pen, «ratisse», «s’ouvre aux gaullistes, drague ouvertement les mélenchonnistes», et  «joue l’ouverture», le candidat d’En Marche !, supposé incarner le centre, est accusé de «se raidir sur la défense de son projet», au risque de «braquer un partie des électeurs de gauche». «Cherchez l’erreur», ironise le magazine, qui dit «comprendre» le « pari » d’Emmanuel Macron : «Si la victoire est acquise, au vu des sondages, pourquoi brouiller l’eau du projet, et se lier les mains pour la suite, à cause de concessions tactiques de campagne?».  Sauf qu'«en politique, prévient L’Obs, le jeu du «droit dans mes bottes» est dangereux», «surtout dans une époque qui a déjà produit de grosses surprises, comme Trump ou le Brexit». «Comme le rappelait souvent avec délicatesse Jacques Chirac, ce n’est qu’à la fin de la foire qu’on compte les bouses».
Emmanuel Macron bénéficie de la mobilisation de la quasi-totalité de la presse française contre le Front national. À l’image des Échos, celle-ci s’inquiète beaucoup, notamment, de l’idée défendue par le FN que «l’Europe (serait) un projet nocif pour la France». «L’Europe, accuse le journal, est devenue le bouc émissaire facile des nationalistes de tout poil», alors qu’elle est «un rempart et une chance». Un plaidoyer dans la droite ligne du discours pro-européen d’Emmanuel Macron. «Il n’est pas dans nos habitudes de donner des consignes de vote. Cependant il ne faut pas être hypocrite. Les valeurs de Charlie Hebdo sont aux antipodes de celle du Front national», écrit l’hebdo. À la une de ce numéro 1293, ce gros titre : «Second tour : faut vraiment vous faire un dessin?».
Malgré cette mobilisation à quatre jours seulement du second tour, beaucoup d’électeurs de droite comme de gauche se disent toujours tentés par l’abstention ou le vote blanc. Alors que la consultation des partisans de la France insoumise fait apparaître que 65% d’entre eux n’iront pas voter ou voteront blanc dimanche prochain, Libération rappelle les états d’âme, également, de la droite et des «orphelins de François Fillon». Une France du «ni ni» qui n’aimerait ni le «chantage» au Front national, ni ce qu’Isabelle, étudiante, évoque comme les «leçons de morale de personnes privilégiées». «J’ai l’impression, dit-elle, que le FN est toujours là comme dernier repoussoir pour que rien en change». Une France conservatrice qui ne supporte pas l’idée de voir Emmanuel Macron à l’Élysée. «Aucun ne me plaît, je vais tirer à pile ou face», annonce Yvette, une retraitée de 90 ans. Ces états d’âme sont partagés par une partie de l’intelligentsia française, selon Le Monde, qui rapporte que des figure publiques telles que le philosophe Michel Onfray ou l’historien Emmanuel Todd renvoient elles aussi dos à dos Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Emmanuel Todd déclare que, pour lui,  «voter Front national, c’est voter xénophobe. Mais (que) voter Macron, c’est l’acceptation de la servitude» . Le démographe, connu pour ses prises de position à rebrousse-poil, dit «prendre le risque de [s]’abstenir. Dans la joie».
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