Bloquée depuis plusieurs jours par un mouvement de grogne sociale, la Guyane s'invite dans la campagne et devient un sujet de controverse entre les candidats à la présidentielle. Le gouvernement dénonce une "instrumentalisation".
À quatre semaines du premier tour de la présidentielle, les candidats se sont saisis du conflit qui paralyse la Guyane depuis plusieurs jours. Réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG), 37 syndicats ont voté à la quasi-unanimité la "grève générale illimitée" qui débute ce lundi 27 mars dans ce territoire ultramarin d'Amérique du Sud de plus de 260 000 habitants.
Lors d'un meeting à Lille dimanche, Marine Le Pen (FN) a dénoncé le "service cruellement minimum" des gouvernements successifs vis-à-vis de la Guyane. "J'ai vu et j'ai compris que nos compatriotes de Guyane n'en peuvent plus, ils sont comme nous tous, ils n'en peuvent plus d'une immigration massive, de l'insécurité qu'elle génère, quand 50 % des détenus en Guyane sont étrangers, que la Guyane soit devenue le département le plus criminogène de France, de la saturation des services publics et de ne plus avoir accès à des services de santé débordés", a énuméré la dirigeante du FN.
Depuis Rennes où il faisait face à ses sympathisants dimanche, Jean-Luc Mélenchon a lui repris la lettre du collectif "Sauvons la Guyane", adressée à François Hollande, qui dresse un état déplorable de ce territoire d'outre-mer. "La Guyane, gangrénée par une insécurité générale touchant tous les secteurs, par un non-développement entretenu, (...) est devenue une terre de violence généralisée avec un taux de chômage à 40 %, le plus élevé de France", a lu le candidat de La France insoumise .
Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout La France, a de son côté dénoncé "la démission de l'État" en Guyane, et juge que la tension sociale "exprime la colère légitime d'une population abandonnée par les gouvernements successifs".
"Cette situation est la conséquence de l'échec de la politique de François Hollande", a accusé François Fillon (Les Républicains).
La ministre des Outre-mer appelle "au calme" et "au dialogue"
Benoît Hamon (PS) a jugé dans un communiqué que la Guyane avait "le droit à l'égalité et à la sécurité". "Un dialogue fécond doit s'établir entre le mouvement social et les représentants de l'État pour arriver à la définition d'un plan de rattrapage ambitieux et concret pour la Guyane", a-t-il plaidé.
Emmanuel Macron, candidat d'En Marche !, a lancé "un appel au calme" depuis La Réunion où il était en déplacement, commettant un lapsus faisant de la Guyane une "île". "Bloquer les pistes d'un aéroport, bloquer les décollages, et parfois même bloquer le fonctionnement de l'île ne peut être une réponse apportée à la situation", a déclaré le candidat dans une séquence filmée par les caméras de M6.
La ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a appelé lundi "au calme" et "au dialogue" en Guyane où "la situation est tendue", n'excluant pas la possibilité de s'y rendre lorsque "les conditions seront réunies", tandis que le gouvernement dénonce "l'instrumentalisation à des fins électoralistes" de la "crise sociale" en Guyane par "certains candidats à l'élection présidentielle ou leur porte-parole".
Une mission interministérielle a été dépêchée par le gouvernement en Guyane, mais la plupart des grévistes, sur place, refusent de la rencontrer.
Avec AFP