
Donald Trump s'est engagé à abroger la loi dite Obamacare sur l'assurance-santé aux États-Unis, mais le vote sur le projet de refonte qui doit avoir lieu jeudi pourrait être compliqué : les Républicains sont divisés et le vote pourrait échouer.
La date est on ne peut plus symbolique. Sept ans, jour pour jour, après la signature de l’Obamacare, la loi sur l'assurance-santé de la présidence d'Obama, les Républicains réussiront-ils à déconstruire la loi emblématique du prédécesseur de Donald Trump ?
Le vote doit avoir lieu dans la soirée du jeudi 23 mars. Pourtant, malgré la majorité dont dispose les Républicains à la Chambre des représentants, l'issue du vote reste incertaine, pour concrétiser ce qui était une promesse majeure de campagne de Donald Trump.
Selon le Congressional Budget Office (CBO, Bureau du budget du Congrès), 14 millions de personnes perdront leur couverture santé l'an prochain si le projet de loi républicain est voté. La proposition de loi républicaine, dont le nom officiel est American Health Care Act (AHCA), annule par exemple l'amende infligée à ceux qui ne souscrivent pas à une couverture santé, réduit le financement de Medicaid, le programme pour les pauvres et les handicapés, et modifie les subventions qui aident les particuliers à s'assurer.
Les ultra-conservateurs estiment que la réforme ne va pas assez loin
Pour Donald Trump et le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, l’équation est simple : pour que la loi soit adoptée, elle doit recueillir 216 voix. Et 237 Républicains siègent à la chambre. Le calcul est rapide : le 45e président des États-Unis a donc le droit à un maximum de 21 défections. Un matelas confortable à première vue.
Cependant, le 22 mars, le Freedom Caucus, qui représente les ultraconservateurs républicains, tendance libertarienne, a fait savoir que plus de 25 de ses membres étaient opposés au projet de loi en son état actuel, soit suffisamment pour empêcher le texte d'être voté. Ils le trouvent encore trop proche de l'Obamacare.
Les conservateurs souhaitent supprimer les "prestations essentielles" en matière de santé, c'est-à-dire les dépenses qu'une assurance-maladie doit obligatoirement couvrir, comme les soins liés à la maternité ou les soins aux urgences. Après une rencontre avec Donald Trump, un amendement a été adopté pour obliger les bénéficiaires de Medicaid, l’assurance gratuite pour les plus modestes, à travailler. Une concession aux ultraconservateurs qui pourrait se retourner contre Trump.
Trump s'aliène les représentants modérés
En donnant des gages au Freedom Caucus, Donald Trump a pris des risques : les représentants républicains modérés estiment la nouvelle version du texte nocive pour les Américains Selon le site américain Politico, Charlie Dent, le leader des républicains modérés, aussi nommés Tuesday Group, a indiqué que, en l'état actuel, il ne voterait pas la loi :
"Je crois que ce texte, dans sa forme actuelle, conduirait à la perte de couverture santé et rendrait l’assurance inabordable pour trop d’Américains, en particuliers pour ceux ayant des revenus faibles à modérés, et pour les personnes âgées", a-t-il indiqué.
Des ultraconservateurs qui refusent de promettre d’adopter le texte malgré les amendements, les modérés qui font défection, mathématiquement, le compte n’y est toujours pas. Donald Trump déploie donc ses talents de négociateur pour faire adopter la réforme au forceps, comme le relate Libération. Sur Twitter, utilisant son compte officiel de président des États-Unis, Trump a pressé jeudi matin ses compatriotes à faire pression sur leurs élus pour adopter sa réforme.
You were given many lies with #Obamacare! Go with our plan! Call your Rep & let them know you're behind #AHCA ➡️ https://t.co/xAX4GJiO8z pic.twitter.com/qp90G49e0j
— President Trump (@POTUS) 23 mars 2017Barack Obama sort de son silence
Dans la matinée, le prédécesseur de Donald Trump a publié un long communiqué marquant le septième anniversaire de sa réforme. "Nous devrions toujours partir d'un postulat : tout changement apporté à notre système de santé doit le rendre meilleur, pas pire pour les travailleurs américains", a déclaré Barack Obama, qui était resté quasiment silencieux depuis le 20 janvier.
Un échec sur son premier grand test législatif serait un coup de massue pour Donald Trump, et mettrait en doute sa capacité à mettre en œuvre d'autres pans de son programme nécessitant la coopération du Congrès, y compris ses projets de réforme du code des impôts ou son plan d'investissements dans les infrastructures du pays.
Avec AFP