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"La "clause Molière", avatar de la préférence nationale?"

Au menu de cette revue de presse française, mardi 14 mars, les tensions entre la Turquie et l’Union européenne, sur fond de montée de l’extrême-droite, notamment aux Pays-Bas. La polémique sur la «clause Molière», et les dernières nouvelles de la campagne présidentielle.

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À la une de la presse française, ce matin, les tensions entre la Turquie et plusieurs pays de l’Union européenne, dont les Pays-Bas – pris pour cible par le gouvernement turc, pour avoir refusé d’accueillir les meetings de ses ministres.
Après avoir évoqué une décision liée, selon lui, à un «vestige du nazisme», le président turc a annoncé hier que son pays allait prendre «toutes les mesures diplomatiques possibles» et saisir la Cour européenne des droits de l’Homme. Une déclaration qui a à son tour conduit l’Union européenne à lui demander de «s’abstenir de toute déclaration excessive». Entre la Turquie et l’UE, «le fossé se creuse», d’après le Figaro, qui parle d’une «crise ouverte», d’un «dangereux jeu de dupes» entre Ankara et Bruxelles. Certes, explique le journal, il y a «u ne sérieuse dose de calcul dans l’attitude et les propos de Recep Tayyip Erdogan» – qui va demander aux Turcs, le 16 avril, de se prononcer par référendum sur l’extension de ses pouvoirs présidentiels - «rien n’était plus efficace, pour les mobiliser en sa faveur, que d’attiser la flamme nationaliste et de galvaniser les électeurs en leur désignant un ennemi». Mais au-delà de cet épisode, poursuit le Figaro, «l’ouverture officielle de négociations pour l’intégration (de la Turquie) dans l’Union, en 2004, ne pouvait être qu’une source de tensions et de crises». « Il est urgent de remettre à plat les relations entre Ankara et Bruxelles». L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse ont également refusé la participation des ministres turcs aux meetings organisés sur leur sol. Seul Paris a accepté la venue, dimanche, du ministre des Affaires étrangères turc pour une réunion dans l’est de la France. Une décision regrettable, selon la Croix, qui considère qu’il «vient un moment où il est nécessaire de marquer un refus». Le journal relève que, certes, «lors de précédentes échéances électorales en Turquie, le parti présidentiel, l’AKP, organisait déjà d’importants rassemblements en Europe occidentale», mais estime que «ce qui, à l’époque, était déjà contestable devient inacceptable alors que le régime turc connaît une dérive autoritaire préoccupante». «Accepter aujourd’hui la tenue ici de tels rassemblements aboutit à cautionner le pouvoir brutal de Recep Tayyip Erdogan. Avec tout le respect dû au peuple turc, il est permis de dire non».
Ce bras de fer avec la Turquie intervient sur fond de montée de l’extrême-droite en Europe, notamment au Pays-Bas. Alors que les sondages annoncent une percée du populiste Geert Wilders lors des législatives de demain, Libération raconte comment ce dernier est parvenu à peser sur le débat d’idées, à «phagocyter» toute la campagne, en imposant ses discours anti-islam et anti-Europe et en jouant sur ce que Libé définit comme «l’inquiétude identitaire» des Néerlandais. Une inquiétude mise en partie sur le compte des failles d’une  Europe qui n’aurait pas réussi, jusqu’à présent, à «convaincre le peuple qu’elle est là pour le protéger et non l’exposer à la lutte de tous contre tous». «La lutte contre le nationalisme hollandais, prévient Libération, se joue autant à Bruxelles qu’à La Haye ou Rotterdam».
En France, cinq régions, dirigées par la droite, ont décidé d’imposer l'usage du français sur les chantiers publics. Une mesure qui fait polémique. Cette «clause Molière», comme elle est surnommée, est présentée par ses défenseurs comme un moyen de l utter contre les entreprises qui cassent les prix en faisant travailler des travailleurs détachés – des travailleurs employés en France, mais sans cotiser à la Sécurité sociale. L’idée, expliquent les Echos, consiste à imposer la maîtrise de la langue française sur les chantiers publics, pour protéger les entreprises et les travailleurs français du dumping social dans le secteur de la construction. Le problème, c’est que cette clause est jugée discriminatoire, voire illégale, par ses détracteurs, qui parlent d’une forme déguisée de «préférence nationale». «Cette «clause Molière», critiquent les Echos, est une clause Tartuffe. Elle est l’avatar d’un protectionnisme honteux qui gagne la droite aujourd’hui, comme hier la gauche de gouvernement, l’une et l'autre paraissant ainsi céder à ce populisme antieuropéen sur lequel prospère, pour sa part, sans aucun complexe, l’extrême droite».
Un mot, pour terminer, de la campagne présidentielle. Convoqué demain chez le juge dans l’affaire du Penelopegate, François Fillon devra aussi s’expliquer sur le financement du mariage de sa fille, selon le Parisien, qui affirme que celui-ci «intrigue la police judiciaire». Sur les 46 000 euros net touchés par sa fille en tant qu’assistante parlementaire, près de 33 000 euros sont repartis sur son compte joint et celui de son épouse. Une somme qui correspondrait aux frais avancés pour le mariage de Marie Fillon, qui aurait ensuite souhaité «rembourser ses parents», selon ses avocats. Le candidat des Républicains qui a appris, hier, une autre mauvaise nouvelle, le ralliement d’une centaine de «Jeunes avec Juppé», à Emmanuel Macron, d’après le Figaro. Le patron d’En Marche! a décidément le vent en poupe, puisqu’outre les jeunes amis d’Alain Juppé, son ex-patron, Manuel Valls, devrait appeler à le soutenir – le Parisien assure que l’ex-Premier ministre a fait ce choix parce qu’il jugerait «irréaliste » et «catastrophique» la campagne de son camarade Benoît Hamon, et parce qu’il serait persuadé qu’un second tour Le Pen/Fillon se traduirait par une victoire «à plates coutures» de la patronne du Front national. Manuel Valls a toutefois démenti hier soir appeler à voter en faveur d’Emmanuel Macron.
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