South By Southwest prend une coloration très politique cette année. Ceux qui s'y retrouvent se demandent quelle attitude adopter face aux outrances de Donald Trump.
AUSTIN, Texas. – Austin, capitale du Texas, îlot démocrate dans un océan républicain, est-elle en train de devenir la capitale de la résistance anti-Trump ?
Ces jours-ci, la ville accueille comme chaque année à la même époque des dizaines de milliers de visiteurs, prêts à débourser plusieurs centaines de dollars pour une accréditation au festival South By Southwest (SXSW), où se retrouvent amateurs de musique, de cinéma, ainsi que la crème des start-up technologiques et des medias numériques. Un festival, créé en 1987, qui a acquis une renommée mondiale telle, que les grands noms de la Silicon Valley y font presque toujours une apparition.
Cette année, élection de Trump oblige, le festival revêt une parure très politique. Le journaliste vedette de CNN (chaîne que le Président traite comme une association d’ennemis de l’État), Jake Tapper a fait un tabac avec cette perle : "Depuis quelques semaines, quand je suis désagréable avec lui, mon fils de 7 ans adopte une nouvelle attitude. Il me montre du doigt en répétant : 'Fake news ! Fake news !' Cela correspond à peu près au niveau de maturité de son âge. Et encore, il a conscience, lui, de faire une plaisanterie." Éclat de rire général.
Mais l’atmosphère cette année n’est pas aussi douce que le climat de cette fin d’hiver texan. Certains musiciens étrangers ont été mis en garde par voie de contrat qu’en cas de comportement présentant un trouble à l’ordre public, ils pourraient être signalés auprès des "autorités compétentes en matière d’immigration". Indignation de la communauté artistique sur les réseaux sociaux. Par solidarité, certains artistes américains ont annoncé qu’ils boycotteraient le festival.
Construire des ponts plutôt que des murs
Il s’agissait sans doute d’une maladresse, car les organisateurs du festival ne font pas mystère de leur opposition aux projets de Donald Trump en matière d’immigration et d’entrée sur le territoire pour les ressortissants de six pays majoritairement musulmans. Ce n’est donc pas un hasard si SXSW 2017 a décidé de mettre le projecteur sur "l’écosystème des start-up musulmanes". Il s’intéressera aussi à l’image des musulmans dans les medias "mainstream" et donnera la parole à de nombreux conférenciers musulmans qui veulent écorner les stéréotypes sur lesquels surfe l’administration Trump.
On parlera aussi de "comment construire des ponts (entre les cultures), quand d’autres veulent bâtir des murs", et bien sûr de la manière dont les médias peuvent combattre les "fake news" et autres "alternative facts".
Lors de sa conversation avec la journaliste Ana Marie Cox (qui a publiquement traité Trump de "psychopathe"), le journaliste de CNN, Jake Tapper, a réfuté l’étiquette de "résistant". "Continuons simplement, note-t-il, de rétablir les faits comme nous l’avons toujours fait." Sauf que c’est devenu une tâche quotidienne.
La dernière mission en date ? Répondre à la réflexion stupéfiante de Sean Spicer, le porte-parole de Trump. Alors qu’il se félicitait des statistiques de l’emploi (235 000 emplois créés le mois dernier) en faisant mine de croire, comme le Président lui-même sur Twitter, que c’était là le résultat de son entrée en fonction, l’un des journalistes accrédités à la Maison Blanche lui a rappelé ce que Trump disait l’an passé, à savoir que ces chiffres étaient faux, manipulés. Sans se démonter Spicer a alors répondu mot pour mot ceci : "Oui, j’en ai parlé avec le Président qui m’a dit : ils étaient peut-être faux dans le passé, mais maintenant ils sont réels."
Le métier de journaliste n’est pas facile ces temps-ci, surtout que l'on a pas face à soi des enfants de 7 ans.
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