
Le fondateur de WikiLeaks, réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis juin 2012, est devenu une véritable épine dans le pied de l’État sud-américain, comme le laisse entendre son ministre des Affaires étrangère dans le Guardian.
Comme un parent qui ne supporte plus son grand dadet de fils squatter le canapé du salon, l’Équateur semble s’agacer de voir Julian Assange occuper les appartements de son ambassade à Londres, où il est réfugié depuis juin 2012 au nom de la solidarité.
Dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian, le ministre des Affaires étrangères équatorien Guillaume Long appelle en effet la Suède à accélérer son enquête liée aux accusations de viol qui pèse sur le fondateur de WikiLeaks. "Nous espérons que [la Suède] sera aussi rapide que possible parce que cela dure depuis trop longtemps", a-t-il confié. "Nous aimerions passer à l’étape suivante dès demain."
"Nous aimerions passer à l’étape suivante dès demain."
L’Équateur avait accepté d’offrir l’asile à l’Australien de 45 ans il y a bientôt cinq ans afin de lui éviter une extradition vers la Suède, où il est accusé d’un viol qu’il aurait commis en 2010. Pour Assange, qui nie les faits, une confrontation devant les juges suédois pourrait aussi déboucher sur une extradition vers les États-Unis, où il risquerait également de tomber sous le coup de la justice pour avoir divulgué des documents confidentiels.
Un hôte trop embarassant
Dire que Julian Assange a pris des allures de fardeau pour l’Équateur ces derniers mois est un euphémisme, notamment après la divulgation sur WikiLeaks de nombreux e-mails privés du camp Clinton durant la campagne présidentielle américaine. Ces fuites, risquant largement d’influencer le scrutin, avaient conduit le gouvernement équatorien à couper la connexion Internet de son protégé. Un acte hautement critiqué par les partisans d’Assange, allant jusqu’à les pousser à protester sous les fenêtres de l’ambassade-refuge et à tenter de lui offrir des solutions de repli pour se connecter à nouveau au Web.
"Notre espace souverain ne pouvait être utilisé pour interférer dans le processus électoral d’un autre pays"
Avant cette suspension de connexion, l’Équateur assure avoir donné à son pensionnaire plusieurs "avertissements par oral" : "Nous voulions être clairs quant au fait que notre espace souverain ne pouvait être utilisé pour interférer dans le processus électoral d’un autre pays." De son côté, Julian Assange a toujours affirmé avoir de bon rapports avec les équipes présentes à l’ambassade.
Des élections qui pourraient changer la donne
Début janvier, Julian Assange avait fait la promesse de se laisser extrader vers les États-Unis si la lanceuse d’alerte Chelsea Manning était libérée. Une promesse non-tenue, au grand regret, sans aucun doute, de l’Équateur. Mais les pressions sur l’Australien pourraient bien s’intensifier après l’élection présidentielle équatorienne, prévue le 19 février prochain : Guillermo Lasso, le candidat de droite de l’alliance Creo-Suma, a notamment promis qu’il demanderait "à Monsieur Assange de quitter l’ambassade dans les trente jours qui suivront la prise de fonction". Pour le leader de l’opposition, "les Équatoriens ont assumé un coût qu’ils ne devraient pas supporter".
De toute évidence, les regards seront aussi bien braqués vers l’Équateur que vers son ambassade londonienne dans 9 jours.
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