Le jeune homme de 22 ans qui a été gravement blessé jeudi, lors de son interpellation par une équipe de police à Aulnay-sous-bois, a reçu la visite de François Hollande mardi à l'hôpital. Il a lancé un appel au calme aux jeunes de son quartier.
François Hollande s'est rendu mardi 7 février dans l’après-midi au chevet de Théo, le jeune homme de 22 ans soigné à l'Hôpital Robert-Ballanger, après avoir été victime de violences lors de son interpellation par quatre policiers, jeudi 2 février, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Le chef de l'État est resté une demi-heure avec lui et plusieurs membres de sa famille, a-t-on indiqué dans l'entourage de François Hollande. D'une voix fatiguée, Théo a exhorté les jeunes à ne "pas faire la guerre" et à "rester unis", affirmant avoir "confiance en la justice".
Théo a réagi avec dignité et responsabilité. La justice a été saisie, il faut lui faire confiance. Elle ira jusqu'au bout. pic.twitter.com/YRlpdFXII6
— François Hollande (@fhollande) 7 février 2017Dans une allusion aux violences qui se sont produites ces trois dernières nuits dans la cité des 3 000, où des policiers menacés ont procédé à des tirs de sommation à balles réelles, il a dit vouloir retrouver sa ville "comme il l'avait laissée". Dix-sept jeunes seront présentés mercredi à la justice, parmi lesquels 11 mineurs, pour la plupart soupçonnés d'avoir préparé des attaques contre les forces de l'ordre lors de ces échauffourées.
L'appel au calme de Théo, diffusé par Le Parisien, le 7 février 2017.
Un peu plus tôt dans la journée, le président de la République, qui était resté silencieux jusque-là, a souligné le rôle protecteur de la justice pour les citoyens, "y compris" lorsque qu’un "agent des forces de l'ordre" est impliqué.
"La plus grande fermeté" en cas de "manquements graves"
Dimanche, un policier a été mis en examen pour viol et trois autres pour violences volontaires en réunion après une interpellation jeudi 2 février au cours de laquelle un jeune homme de 22 ans a été gravement blessé à coups de matraque au niveau de la zone rectale.
"La justice (...) est garante des libertés et les citoyens doivent comprendre que c'est le juge qui les protège", a souligné le chef de l'État en visite au tribunal de Pontoise. "Le juge prend la décision, y compris pour ouvrir une information judiciaire et pour qualifier les faits qui permettent au citoyen de savoir qu'il sera protégé, si ses droits ont été bafoués, si son intégrité physique a été mise en cause, y compris par un agent des forces de l'ordre", a-t-il a enchaîné.
Pour sa part, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a plaidé mardi pour "la plus grande fermeté" contre les forces de l'ordre qui se rendraient coupables de "manquements graves". "Je sais à quel point les policiers et les gendarmes sont exposés dans la lutte antiterroriste et aux violences, mais ils doivent être à chaque instant absolument exemplaires", a déclaré le Premier ministre dans les couloirs de l'Assemblée nationale mardi.
Un syndicat de police dénonce l’"empressement médiatique"
Le syndicat de policiers Alliance avait de son côté critiqué lundi "l'empressement médiatique qui consiste à juger des policiers avant que l'enquête n'ait débuté", souhaitant rappeler au passage "les conditions extrêmement difficiles" de leur travail.
Si les faits sont avérés, ils "pourraient être qualifiés de torture", a estimé l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat), s'appuyant sur une jurisprudence établie en 1999 par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), qui avait condamné la France "pour actes de torture" sur une personne en garde à vue victime "de nombreuses violences, dont des sévices sexuels au moyen d'une matraque".
Avec AFP