Les explications très attendues de François Fillon concernant l'emploi de sa femme et de ses enfants lorsqu'il était parlementaire ont fait réagir la classe politique mais aussi la journaliste britannique qui avait interviewé son épouse en 2007.
Au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue lundi 6 février à Paris, François Fillon a annoncé qu'il maintenait sa candidature à l'Élysée et qu'il présentait ses "excuses" aux Français pour avoir salarié des membres de sa famille avec des deniers publics, réaffirmant la légalité de cette pratique.
La journaliste britannique dément avoir été "choquée" par Envoyé Spécial
Devant les journalistes, l'ex-Premier ministre s'est dit victime d'un lynchage médiatique et a notamment évoqué l'interview de Penelope Fillon en 2007 citée dans l'émission "Envoyé Spécial", le 3 février, où cette dernière affirmait n'avoir "jamais été réellement son assistante ni quoi que ce soit de ce genre".
Selon le candidat de la droite, "la journaliste qui a accompli cette interview s'est manifestée personnellement auprès de mon épouse pour lui dire à quel point elle était choquée par l'utilisation qui avait été faite des morceaux de cette interview".
Kim Willsher, qui avait rencontré Penelope en 2007 pour le Sunday Telegraph, a réagi aux propos de François Fillon.
Le démenti de Kim Willsher sur Twitter (1/2)
Non M. #Fillon ! Les propos d'Envoyé Special n'ont pas été sortis de leur contexte. Le reportage ne m'a pas choqué. SVP. Cessez ...(1/2)
— Kim Willsher (@kimwillsher1) 6 février 2017Le démenti de Kim Willsher sur Twitter (2/2)
...de m'attribuer ces propos. L'interview et le film sont dans le domain publique. LES FAITS. SVP. (2/2).
— Kim Willsher (@kimwillsher1) 6 février 2017Kim Willsher a aussi souligné "n'avoir jamais téléphoné à Mr ou Mme Fillon et ne pas avoir d'ailleurs leur numéro de téléphone".
Le parquet financier répond à François Fillon
François Fillon, qui a déploré des fuites de l'enquête sur cette affaire dans Le Monde, en assurant qu'elles ne pouvaient provenir que des "enquêteurs de la police" ou des "membres du Parquet national financier", a reçu une réponse de l'instance créée en 2014 à la suite de l'affaire Cahuzac.
"L'enquête se déroule dans le strict respect de l'article 11 du code de procédure pénale" — qui régit le secret de l'enquête et la possibilité pour le procureur de rendre publics certains éléments — "avec la célérité et la sérénité appropriées", affirme le Parquet national financier dans un communiqué.
Au cours de son intervention, François Fillon avait estimé que, selon ses avocats, "le Parquet national financier n'était sans doute pas compétent", sans plus de précisions.
À droite, tous derrière le plan A
Quelques heures après la conférence de presse, Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, a affirmé que la droite était rassemblée derrière son champion au sein de son comité stratégique. "Les grandes personnalités de la droite et du centre-droit français, de Jean-Christophe Lagarde à Brice Hortefeux, du président du Sénat à François Baroin, à Laurent Wauquiez, à Bruno Le Maire et à Xavier Bertrand, seront au quotidien associés
à la campagne, présents sur le terrain, présents sur les médias", a-t-il expliqué.
Le député sarkozyste Georges Fenech, qui avait estimé la semaine dernière que "le résultat de la primaire était caduc" a "trouvé François Fillon tout à fait serein dans cet exercice de vérité". "Il a tranché et je crois en sa bonne foi", a-t-il ajouté.
Reste selon lui "l'épée de Damoclès" judiciaire. "Nous sommes tributaires d'avancées judiciaires qui pourraient contrarier la campagne", a observé ce magistrat de profession. "Le bateau peut tanguer (...) J'espère que le 23 avril nous n'aurons pas la gueule de bois", a-t-il conclu.
À gauche, on décrit un Fillon droit dans ses bottes
Benoît Hamon, candidat socialiste à l'élection présidentielle, a estimé lundi que François Fillon commettait "une grave erreur" en persistant "dans le déni" après avoir défendu la légalité de l'emploi de sa femme.
"Celui qui aspire à être président de la République, on ne l'attend pas sur un numéro droit dans ses bottes, je me cabre et je montre que je suis dans mon droit, là où personne ne pense que la situation est normale", a-t-il déclaré lundi en marge d'un déplacement à Arcueil (Val-de-Marne).
"Ça montre finalement que François Fillon ne comprend pas bien qu'il y a une forme d'impunité (...) qui apparaît comme anormale pour les Français", a insisté Benoît Hamon, estimant qu'il s'agissait d'une "stratégie dangereuse pour la France" car le Front national pouvait se nourrir de cette affaire.
Prenant la défense du Parquet national financier, "le Parti socialiste rappelle que la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la presse sont des piliers de nos sociétés démocratiques. Il demande instamment qu’on les laisse faire leur travail."
Avec AFP